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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

l’épreuve ne fut pas de longue durée. La main ferme et dévouée de notre ambassadeur à Constantinople, M. Paul Cambon, et la main bienveillante de sa Hautesse impériale, se sont amicalement rencontrées pour rétablir l’équilibre. Pour le rendre désormais stable, les deux forces qui semblaient antagonistes ont été également réparties. Dorénavant le Jury d’examen français, dans les derniers jours d’octobre, se rencontrera à Beyrouth avec la commission déléguée par la Faculté de médecine de Constantinople el ils constitueront avec les professeurs de l’école, un jury mixte pour les épreuves de doctorat et le diplôme délivré sera valable également pour les deux pays : France et Empire ottoman. Ce jury vient de fonctionner pour la première fois et a créé quatorze nouveaux docteurs, recrues précieuses pour la France et sujets actifs, loyaux et dévoués à leur pays et à leur auguste souverain.

Le premier résultat de l’École de médecine française à Beyrouth a été de tenir en échec l’école de médecine américaine. Sans doute la source des influences hostiles n’a pas tari, mais son rendement annuel est notablement diminué. Il n’est pas admis d’entr’ouvrir la porte du voisin ; le myope même et le distrait sont tenus à des excuses lorsque pareil accident leur survient. Mais sans la moindre indiscrétion nous pouvons dire que les alentours sont beaucoup moins bruyants ; le chiffre 70 a marqué son zénith et tout astre qui a dépassé ce point de sa course est contraint de céder à la force qui l’attire vers son couchant ; malgré les efforts tentés pour s’dérober, notre voisine est sous l’empire de cette force. Ce qui nous surprend c’est le peu de résignation à subir une loi très simple d’ailleurs, à laquelle tous les habitants du firmament + compris le soleil, semblent fiers d’obéir.

Un second a été d’avoir nécessité, pour le service de ses cliniques, de notables améliorations à l’hôpital français, qui ont agrandi et développé sa sphère d’influence : salle d’opérations, adjonction d’une maternité, polycliniques…

Un troisième, que nous aimons à signaler, c’est le mouvement de relèvement de l’enseignement secondaire que la présence de la Faculté à sollicité. L’indulgence, en effet, des examens d’entrée nécessaire au début, ne l’est plus autant, actuellement la Faculté étant au chiffre bien avouable de 430 étudiants ; elle cède peu à peu la place à la sévérité et cette sage sévérité amène l’enseignement à garnir un peu mieux ses programmes. Les sciences et les arts jusqu’ici n ont pas trouvé grand’chose à glaner dans ces pays d’Orient ; dans un avenir plus ou moins prochain on pourra peut-être y trouver place pour une autre institution, similaire de l’École de médecine et se rattachant à l’enseignement supérieur.