Page:Société de l’enseignement supérieur - Revue internationale de l’enseignement, volume 37, juin 1899.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA NOUVELLE LOI DE L’ENSEIGNEMENT SECONDAIRE ET SUPÉRIEUR EN ROUMANIE

I

Le peuple roumain a commencé à vivre comme nation civilisée depuis une trentaine d’années seulement, et les progrès qu’il a faits dans toutes les directions et surtout la manière dont il a su acquérir la civilisation des vieilles nations de l’Occident, est une preuve de plus de la vitalité latine si souvent contestée. Et c’est une preuve d’autant plus intéressante à retenir qu’elle vient de la part de latins oubliés là-bas dans les Carpathes et qui pendant des siècles, toujours sous les armes, n’a fait que défendre sa terre maternelle, sa langue et son origine latine, parmi les peuplades barbares qui l’envahissaient de tous côtés et la convoitaient.

L’instruction, cette arme puissante de toute civilisation, a préoccupé l’attention de nos premiers hommes d’État, pour la plupart d’éducation française et nous trouvons une loi, concernant l’enseignement primaire, secondaire, et universitaire, établie déjà le 5 décembre 1864. À cette époque l’état de l’instruction était très rudimentaire ; à peine pouvait-on compter quelques écoles primaires dans les chefs-lieux des départements, trois ou quatre lycées et un tout petit nombre d’écoles rurales. Ajoutons aussi, pour compléter ce tableau, les deux universités de Bucuresci (Bucharest) et Jasi (Jassy), qui, quoique désignées sous ce nom, étaient loin de répondre à la haute portée d’instruction qu’elles impliquaient, et représentaient plutôt l’ébauche des futures universités[1].

La vaillante pléiade de 1848, pléiade à laquelle on doit l’énorme progrès que le pays a fait, était inspirée des idées et de la civilisation française. C’est Paris, qui fut pour ainsi dire le berceau intellectuel de la renaissance roumaine, renaissance qui un Jour peutètre sera une des pages qui intéressera l’histoire de l’influence de la civilisation française. Et c’est grâce à cette impulsion que l’instruction attira dès les premiers instants l’attention de tous les hommes politiques.

  1. L’Université de Jasi a été fondée en 1860, et celle de Bucuresci en 1863.