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L’UNIVERSITÉ DE CHICAGO

moins développés que le sens moral et religieux, ses directeurs voudraient faire de l’éducation et de la culture personnelle de l’intelligence (self-culture) un des intérêts capitaux de la vie. « Il serait, disent-ils, aussi absurde de la part d’un homme de considérer ses études comme terminées à un certain âge, qu’il le serait de la part d’un ecclésiastique ou d’un homme politique de dire : « Ma tâche est finie, puisque j’ai obtenu un grade dans le clergé ou une fonction dans l’État. » L’Université de Chicago fait donc appel à tous, riches ou pauvres, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, qui sont déjà engagés dans les diverses carrières et leur offre les moyens suivants de compléter leurs études et de se mettre au courant des progrès des lettres, arts ou sciences : 1o  des séries de conférences, données à l’Université ; 2o  des classes du soir, organisées à Chicago et dans ses faubourgs, surtout le samedi ; 3o  des corrections de devoirs par correspondance ; 4o  la direction de « clubs d’études » locaux.

J’ai été témoin, pendant mon séjour à l’Université, de la création d’un des organes d’extension universitaire, par la coopération de l’Université avec les particuliers de Chicago. Le recteur était, depuis quelque temps, préoccupé de l’inégalité et parfois de l’insuffisante instruction des instituteurs et institutrices de la ville et songeait à leur faire donner par quelques professeurs un complément d’éducation ; mais il fallait de l’argent pour louer des salles de cours en ville et indemniser les maîtres. Bientôt une veuve, aussi intelligente que généreuse, Mrs Blaine, fille de feu M. Cyrus Mac Cormick, inventeur de la moissonneuse-lieuse, informée de ce projet offrit (15.000 dollars) (= 75.000 fr.) pendant cinq ans pour mettre la chose en train. Grâce à cette donation, les cours de perfectionnement ont pu avoir lieu dès cet hiver et établiront un lien de plus entre le peuple de la grande cité et la jeune Université.

Un autre département, celui de la presse, à attiré mon attention, il se divise lui-même en quatre sections : 1o  les publications ; 2o  l’imprimerie ; 3o  les appareils de démonstration ou d’expérience ; 4o  la librairie, pour la vente « à bon marché » des livres classiques aux étudiants.

Voici comment on entend là-bas le rôle des publications, au point de vue universitaire. « Il ne suffit pas que les maîtres fassent bien le travail de classe ou de cours qui leur est assigné, dit le recteur Harper, il faut encore qu’ils consacrent du temps et de la peine à publier ce qui peut exercer de l’influence sur le public du dehors. Une vraie Université doit être un centre de pensées appliquées à tous les problèmes qui intéressent la vie et la so-