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UNE HÖHERE TÖCHTERSCHULE À HANOVRE

moins sous des aspects infiniment plus variés que les langues anciennes ne peuvent le faire. L’étude des langues mortes s’adresse exclusivement à la pensée logique : il s’agit de comprendre avec précision des rapports formels difficiles. C’est à peine si elles peuvent donner lieu à une imitation qui repose sur le sentiment ; et elles n’affinent pas les organes de l’ouïe et du langage comme le font les langues modernes. En un mot les langues anciennes conviennent mieux à l’esprit masculin ; les langues modernes répondent davantage aux caractères propres de l’esprit féminin. »

Quel est le but à atteindre dans l’enseignement des langues vivantes ? Quelles sont les méthodes employées pour y parvenir ? Le but, dit le programme, c’est de rendre l’élève capable de comprendre un écrivain français facile et le français parlé, d’employer soit oralement, soit par écrit avec quelque habilité la langue étrangère dans les formes simples qui peuvent se rencontrer dans les relations journalières, et médiatement de faire connaître aux jeunes filles la civilisation intellectuelle et matérielle, la vie et les mœurs du peuple étranger. Pour réaliser ce programme, on a recours à une méthode vivante et l’on ne voit pas sans quelque étonnement le petit nombre de livres mis à la disposition des élèves : un « Lesebuch », une grammaire, un recueil d’exercices de style ; un dictionnaire n’y figure même pas. C’est l’usage qui doit enseigner les mots. Dans certaines écoles[1], on ne remet même aucun livre entre les mains des élèves pendant la première année. On les habitue à entendre et à prononcer un certain nombre de mots français d’un usage courant et d’abord tous ceux qui sont nécessaires dans la classe : Levez-vous, asseyez-vous, écoutez, voici le livre, etc. On leur fait apprendre des traductions françaises de poésies allemandes bien connues, par exemple le « Camarade » de Uhland, traduit par Amiel, ou des chansons et des rondes enfantines ; le professeur trouve même un auxiliaire précieux dans le professeur de chant pour corriger certaines défectuosités de prononciation, comme la prononciation nasale de la voyelle a si fréquente en Allemagne. Enfin on place sous les yeux des élèves des tableaux représentant la moisson, la fenaison, le village, la ville, etc., et dont chaque élève a une réduction entre les mains : ces tableaux permettent d’enseigner une foule de mots usuels sans avoir recours à des livres. Au bout de cette première année, chaque élève possède ainsi un certain répertoire de

  1. La méthode que nous décrivons ici est employée dans la « höhere Töchterschule II » de Hanovre, par M. le directeur Lohmann. Qu’il nous soit permis de le remercier ici de l’obligeance avec laquelle il s’est mis à notre disposition.