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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

but de développer harmonieusement sur une base patriotique et religieuse toutes les dispositions intellectuelles et morales, que Dieu a données aux élèves en tenant compte des caractères propres au sexe féminin et dans la mesure où l’instruction et l’éducation peuvent réaliser ce but pendant la scolarité[1] ».

Il serait fastidieux d’entrer dans de longs détails sur chaque matière du programme. Nous n’insisterons que sur les quatre sujets suivants, qui nous paraissent le plus propres à caractériser l’enseignement dans les écoles supérieures de jeunes filles : l’histoire, le calcul, la langue maternelle et le français.

D’après le « Ministerieller Erlass » du 31 mai 1894, l’enseignement historique a pour objet essentiel l’histoire de la patrie. Sans doute on fera connaître aux élèves les événements les plus importants de l’histoire ancienne et de l’histoire des grandes nations civilisées, mais seulement dans la mesure où cette connaissance importe à l’histoire nationale. On consacre une année (dans la 3e classe) à l’étude des histoires grecque et romaine : mais on les considère surtout au point de vue de l’histoire de la civilisation (Kulturgeschichte) ; on insiste sur les siècles de Périclès et d’Auguste et sur les relations entre les Romains et les Germains. Le professeur jette un rapide coup d’œil dans la 1re classe sur l’histoire de l’Angleterre, de la France, de l’Italie, de l’Autriche et des États-Unis. En ce qui concerne l’Angleterre et la France, l’enseignement de l’histoire trouve un puissant auxiliaire dans le cours de langues vivantes. L’histoire d’Allemagne est étudiée à deux reprises : dans le cours moyen, on l’expose d’une façon fragmentaire ; on montre isolément aux élèves les grandes figures de l’histoire nationale, en insistant particulièrement sur les souverains et les souveraines de la maison de Hohenzollern, on leur fait connaître les vieilles légendes allemandes, Arminius, Attila, Siegfried, Gudrun. L’enseignement historique dans la 2e et la 1re classe systématise ces premières connaissances. Dans une première année, on traite de l’histoire d’Allemagne, des origines à la paix de Westphalie et dans la dernière année on la conduit de cette date jusqu’à nos jours. Mais il importe surtout de marquer dans quel esprit est fait cet enseignement : d’après le règlement de 1894 le but à poursuivre, c’est de rendre plus vif et plus profond l’amour pour la grande patrie allemande, pour la province et le clocher et surtout pour la maison régnante, enfin de faire comprendre la vie contemporaine et les devoirs du peuple. Aussi y a-t-il grand risque à ce que l’histoire ne soit pas toujours exposée d’une façon impartiale et

  1. Dr Kalepky dans le Dritter Bericht über die städtische höbere Mädchenschule de Kiel, 1890.