Le budget annuel est établi comme ci-dessous :
Traitements du personnel.,… 81.500 taëls
Allocations aux élèves……… 52.320 »
Frais divers………. 56.600
Total…………… 190.420
Les frais d’installation sont prévus de la façon suivante, l’Empereur ayant déjà donné un terrain :
Constructions…………..,……..,… 140.000 taëls.
Achat de livres chinois, européens, japonais.. 100.000 »
Achat d’instruments…………………… 100.000 »
Frais de voyage des professeurs étrangers… 10.000 »
Total…………… 350.000 »
Telles sont les dispositions générales des décrets impériaux ; un décret ultérieur envisageait mème la création d’écoles chinoises dans les pays où les émigrants chinois sont nombreux. Voyons maintenant brièvement ce qui a été exécuté : un terrain était donné, le Ministère du cens (finances) était invité à fournir des fonds ; Soen Kia nai était nommé Grand Maître et chargé de rechercher un Recteur ; un licencié de Canton, Liang Khi tchhao. directeur d’un journal progressiste de Changhaï et ami du réformateur Khang Y Koei, était mis à la tête des deux bureaux de traduction et de compilation. On alla plus loin et, sans doute faute d’un Chinois compétent, on choisit un Recteur étranger : le nom d’un Français fut alors prononcé, mais par suite de certaines circonstances, fut nommé un Américain, le Dr W. A. E. Martin, ancien directeur du Thong oen koan, ancien missionnaire protestant ; d’autre part, sur la proposition de Liang Khi tchhao, les P. P. Jésuites du Collège de Zi ka wei (Mission française) furent désignés par décret comme traducteurs officiels, ou (je ne posside pas le texte mème de cette décision) comme professeurs dans une école de traduction fondée à Changhaï.
Quoi qu’il en soit, et sans parler de plusieurs expressions mal sonnantes pour des oreilles chinoises et que les pièces analysées ci-dessus appliquent aux livres, aux examens, au système d’éducation de la Chine, le fond mème de la réforme était peut-être, comme on y insistait, un retour aux principes en cours il y a mille ou quinze cents ans, mais il était directement opposé aux traditions plus récentes et aux intérêts des lettrés et des mandarins. C’est alors qu’eut lieu le coup d’État par lequel l’Impératrice douairière, l’ancienne Régente, reprit l’exercice personnel du pouvoir, La Régente, en annulant une réforme qui ressemblait à un bouleversement, n’a pourtant pas exagéré la réaction, puisque l’Université subsiste avec un Recteur étranger, mais dans des proportions moins grandioses ; c’est le Dr Martin qui a conservé la place de Recteur ; on a renoncé aux services de la Mission de Zi ka wei, l’élément français n’est plus représenté dans l’Université que par quelques professeurs. Cette jeune Université fonctionne déjà, m’a-t-on affirmé, avec six ou sept professeurs étrangers et une trentaine de répétiteurs chinois ; les élèves sont pour la plupart internes et nourris, mais ils ne sont pas payés. Sur l’état actuel des choses, il n’est d’ailleurs jusqu’ici parvenu en France aucun renseignement plus détaillé qui soit digne de foi.