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ANGLETERRE : RÉFORME DE L’ENSEIGNEMENT

répartis entre quatre administrations différentes, unification qui n’ira pas sans quelques tiraillements et quelques crises. Cette autorité centrale une fois créée (et dûment assistée d’ailleurs d’un conseil consultatif de l’Enseignement secondaire où seraient représentés et défendus par leurs champions naturels, les intérêts, les libertés et les principes des écoles secondaires actuelles) devra établir un mode d’inspection plus ou moins obligatoire des écoles secondaires, capable de renseigner l’État et les familles sur la valeur et le niveau de leur enseignement. Le but à atteindre en effet, n’est pas de créer un type immuable d’école secondaire, ni d’empêcher des rivalités et des concurrences souvent profitables par les innovations qu’elles suscitent. Ce que l’on se proposera, en instituant l’inspection d’État, c’est de donner aux bonnes écoles secondaires un moyen de faire reconnaître leur qualité, et de se distinguer, par l’estampille officielle, des mauvaises petites écoles qui ne seront pas capables de l’obtenir. Ce sera alors le tour des autorités locales d’intervenir dans la vie des écoles secondaires de leur district, en aidant celles qui se suffisent difficilement à elles-mèmes, et en les rendant réellement les organes de l’enseignement secondaire public par l’institution de bourses au profit des élèves venant des écoles primaires. Il sera aussi de leur devoir et dans leurs attributions de favoriser la création de nouvelles écoles secondaires dans les arrondissements qui en ont été jusqu’ici privés.

On peut remarquer qu’il y a encore une importante lacune dans ce plan de réorganisation. Quels seront les maîtres des écoles ainsi rajeunies ? Ce serait au Conseil consultatif dont nous avons parlé de décider les qualifications exigibles pour être officiellement reconnu et enregistré comme professeur de l’enseignement secondaire. Ce serait à lui aussi de concerter avec le Ministère nouveau de l’Instruction publique des méthodes d’enseignement normal à l’usage des jeunes gens qui se préparent à devenir professeurs de l’enseignement secondaire, afin de les munir de quelques notions sur la théorie et la pratique de l’éducation. Rien n’a été fait chez nous, à cet égard, de ce qui a été entrepris très largement en Allemagne.

J’arrête ici ce bref exposé, peut-être aride et obscur malgré mes efforts, — de l’état actuel de l’enseignement secondaire en Angleterre et des projets de réformes qui ne tarderont pas sans doute à le modifier. Nous sommes sur le point d’abandonner une part de liberté en échange d’un peu plus d’ordre, et une parti d’indépendance dans l’espoir d’y gagner quelque solidarité. Nous sommes sur le point d’accepter le contrôle de l’État en considération de l’assistance qu’implique ce contrôle lui-même, et celui des autorités locales en échange de leur assistance financière, parce que nous sentons que, si excellent que puisse être notre enseignement secondaire dans quelques-unes de ses parties, il a besoin d’être élargi parfois, d’être égalisé dans d’autres cas, d’être enrichi dans d’autres cas encore. Et ce mouvement d’opinion n’est ni contre la démocratie, ni contre la liberté, ni contre l’esprit national. Loin de vouloir exclure le fils du pauvre du bénéfice de l’enseignement secondaire, nous voulons que l’éducation qui lui sera offerte sous ce nom, et à laquelle il aura accès grâce à des bourses de plus en plus nombreuses, soit réellement digne de ce nom. En distinguant nos divers degrés d’enseignement les uns des autres, nous voulons rendre le but et la fonction de chacun d’eux intelligibles à tous les parents, et accroître et éclairer par