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COURS DE VACANCES A L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE

Au point de vue des nationalités, l’Allemagne tenait naturellement la tête avec 144 personnes ; ensuite venaient 16 Suisses de langue germanique, 14 Bohèmes, 9 Russes, 8 Américains, 8 Autrichiens, 4 Hongrois, 4 Anglais, 3 Suédois, 3 Italiens, 2 Écossais et des unités appartenant à l’Irlande, à la Roumanie, à la Bulgarie, Égypte, Norvège, Hollande. C’est assez dire que l’élément germanique prédomine, et que c’est à lui surtout que s’adressera l’enseignement, qu’il devra se conformer aux exigences, aux habitudes, aux besoins d’un public universitaire de langue allemande.

Conditions matérielles. — L’une des raisons qui ont fait le succès des cours de Genève, c’est la modicité des frais imposés aux participants. Cette considération n’est pas négligeable quand on s’adresse à un public qui possède peu et qui compte beaucoup. D’abord, pour les élèves venant des pays allemands, le voyage de Genève coûte fort peu, tant à cause de la proximité qu’en raison des avantages offerts aux voyageurs par l’Union des chemins de fer de l’Europe centrale qui comprend les lignes allemandes, suisses, austro-hongroises, italiennes, danoises, etc. En second lieu, le droit d’inscription, pour la totalité des cours (66 leçons), n’est que de 40 fr. (soit 0 fr. 66 par heure de leçon, sans tenir compte des conférences supplémentaires, qui sont gratuites). Les étudiants qui désirent s’inscrire en outre pour la correction des travaux écrits (5 fr.) et pour les séances de conversation (5 fr. pour deux conversations par semaine, soit 0 fr. 50 l’une) déboursent donc une somme totale de 50 fr. Les recettes ont jusqu’à présent toujours suffi à couvrir les frais de publicité et à rémunérer les professeurs (rémunération, il est vrai, peu considérable). — En troisième lieu le prix de la vie est, à Genève, très peu élevé pour l’étranger qui y séjourne. Pour 100 ou 120 fr., les étudiants ou étudiantes trouvent, dans des maisons fort honorables, des pensions dont ils se déclarent très satisfaits. Tous ceux que j’ai interrogés étaient unanimes à cet égard ; ils avaient pour ce prix, comme le dit l’un d’eux, « une chambre propre, une bonne nourriture et un accueil amical »[1]. C’était plaisir de voir, le matin, avant huit heures ces deux cents personnes de tout âge, vieux professeurs à lunettes, étudiants en costume de touristes, dames et jeunes filles descendre de tramway ou de bicyclette, traverser le parc de Plainpalais, et de les entendre, en attendant l’heure du cours, dans le vestibule de l’Université, babiller entre eux notre langue avec tous les accents de l’Europe.

Personnel enseignant. — L’enseignement est donné par un pro-

  1. Bargetzi, brochure citée. — On apprendra avec plaisir que les « vacanciers » de Grenoble se déclarent également satisfaits à cet égard. Voy. un vif éloge des cours grenoblois dans l’article cité de Kupka.