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REVUE INTERNATIONALE DE L’ENSEIGNEMENT

réglementaire donné aux études et ce temps est calculé pour suffire à la majorité des élèves. Tant pis pour ceux qui ont le travail lent, il ne leur est accordé aucun délai.

Dans les Universités les élèves ont la liberté la plus complète pour le choix des cours qu’ils suivent et avec l’organisation indépendante des Certificats, ils peuvent fournir la preuve qu’ils ont profité de l’enseignement sur une branche spéciale. Leur savoir peut être incomplet pour l’exercice d’une profession, mais ils seront très forts sur certaines spécialités. Ainsi un élève d’un cours d’Électricité appliquée, comme il en existe dans plusieurs Universités, sera certainement plus capable comme ingénieur électricien que ne peut l’être un élève sortant de l’École centrale, mais par contre, il ne sera pas comme celui-ci apte à faire autre chose que de l’électricité.

Dans les Universités, il n’y a pas de limites de temps. Les uns font leurs études rapidement ; d’autre avec plus de négligence, mais ils pourront par un travail tardif et repentant réparer leur faute. L’intelligence lente prendra quelque délai pour s’assimiler les matières de l’examen ; le travailleur flâneur flânera à son aise.

Dans notre organisation sociale, où chacun est pressé de se faire une position on ne sait plus guère ce que c’est de flâner en travaillant. Il me souvient d’avoir lu, il y a longtemps et je ne sais où, l’éloge d’un poële de l’École Normale supérieure, section des lettres, grand poële autour duquel les élèves se réunissaient, causant des études, des lectures, des spectacles, discutant le mérite des auteurs, la valeur des cours et surtout critiquant les maîtres. L’auteur de l’article affirmait que le poële en apprenait plus qu’un professeur. Il me serait difficile de citer ceux qui s’y réchauffaient, mais je me rappelle que leurs noms étaient dans toutes les bouches, comme les maîtres de la critique, de la littérature et de l’érudition.

On s’étonne quelquefois de la supériorité des médecins qui ont passé par l’internat de Paris et on est tenté de l’attribuer au rude concours qu’ils ont eu à traverser. M’est-ce pas plutôt à leur heureuse flânerie de trois ans dans les hôpitaux, au centre du monde médical, dans la conversation des salles de garde avec les anciens ?

3o  Il est impossible de parler des Écoles en les comparant aux Universités sans dire un mot de leurs monopoles. Pour les unes le monopole est strict. Seuls les Élèves de l’École Polytechnique sont appelés à devenir ingénieurs de l’État dans les Écoles d’application des Mines et des Ponts et Chaussées ; seuls les élèves de l’Institut agronomique de Paris peuvent entrer à l’École forestière. D’autres fois le monopole sans être aussi absolu s’établit de lui-même parce