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Cour et à son fils aîné Claude, meuniers à Prades. Bien qu’ils ne prissent plus de particule, ils descendaient en droite ligne de notre papetier.

Ce dernier bail est calqué sur celui de 1657. Les Cour donneront 200 fr. annuellement ; ils fourniront au seigneur de Prades tout le papier qui pourra se consommer dans sa maison.

Ils entretiendront la papeterie en bon état et ils amélioreront les héritages qui en dépendent.

Ils seront tenus de faire, à leurs frais, toutes les réparations nécessaires au moulin et à la maison, mais le seigneur leur fournira le bois.

Ce traité était des plus avantageux pour nos papetiers. Devenus véritables propriétaires de la fabrique, ils allaient pouvoir la transformer, l’augmenter. C’est ce qu’ils firent sans retard. En outre, ce qui n’était pas à dédaigner, ils allaient jouir, sans crainte de les perdre par un caprice du seigneur de Prades, de tous les privilèges accordés, par l’arrêt du conseil du roi, du 30 décembre 1727, aux papetiers d’Auvergne[1] et étendus à tout le royaume par l’arrêt de règlement du 27 janvier 1739. D’après ces règlements, qui montrent qu’à cette époque l’on encourageait les arts utiles, les maîtres fabricants de papiers, leurs fils travaillant dans leurs fabriques, et généralement tous les ouvriers papetiers étaient personnellement exempts de la collecte des tailles, du logement des gens de guerre et de la milice. Ils devaient être cotisés d’office à la taille par l’intendant de leur province, suivant des états qui lui étaient remis tous les ans par les gardes en charge, sans que ces cotes d’office pussent être augmentées par les collecteurs. Ces exemptions, en apparence bien modestes, semblaient presque un acheminement à la noblesse.

Dans notre jeunesse cette papeterie était encore en pleine activité, et nous avons écrit plus d’un devoir et, hélas ! plus d’un pensum, sur du papier de Prades. Le moulin n’a cessé d’ani-

  1. Prades, quoiqu’en Gévaudan, était du ressort de la sénéchaussée d’Auvergne, comme les autres terres du duché de Mercœur.