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célèbre architecte ingénieur créateur de la chaussée qui porte encore son nom. Il dut employer le court espace de temps qu’il y demeura à se perfectionner dans la science du dessin.

Nous ne le suivrons pas plus loin dans sa carrière, car nous serions réduits à paraphraser ce que l’on va lire. Voici pourtant une dernière réflexion : a priori, elle pourra paraître hasardée ; cependant, elle n’est que la conséquence logique de ce que nous savons des travaux de Michel. Cet artiste exécuta presque tous ses travaux sur commande. Malgré sa fécondité, nous ne le voyons point obéir à son sentiment personnel ; dans la longue nomenclature de ses ouvrages, nous n’en trouvons aucun qui soit sorti de son propre génie. Directeur d’académie, sculpteur officiel, il ne s’affranchit d’aucune servitude, il ne se dérobe jamais au joug de l’école, il ne réagit point contre les erreurs des prétendus idéalistes de son temps. Contrairement à la défense habile de son biographe espagnol, qui a prévu la critique, chez Michel, la théorie n’était point toujours à la hauteur de la pratique, et il n’est pas trop téméraire d’avancer qu’il suivit les errements d’une sculpture conventionnelle et toute viciée, et qu’il ne chercha point à la régénérer, comme le fit chez nous son contemporain et compatriote Julien, par l’étude combinée de la nature et de l’antique.

Malgré ces critiques, Michel n’en demeure pas moins un artiste d’un mérite incontestable et je pense que les Ponots me sauront gré d’avoir, à leur intention, déniché quelques détails complètement ignorés et de leur avoir ainsi révélé les titres sérieux de Michel à l’insertion de son nom sur le livre d’or du pays. Cet artiste mérite d’y occuper une des premières places, au-dessous de Julien, bien au-dessus de certains autres qui ont trouvé d’ingénieux moyens pour perpétuer leur mémoire.

Jusqu’à ces derniers temps, le portrait de Robert Michel manquait à toutes nos collections locales. Il n’en existe point de gravé, il est vrai ; mais ainsi qu’avait bien voulu me l’apprendre, en 1870, le savant secrétaire de l’Académie des trois nobles arts de Saint-Ferdinand de Madrid, M. Eugène de la Camera,