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le peintre qui le mit en rapport avec son beau-frère, l’architecte Vaudoyer[1].

Ce dernier, qui revenait de passer cinq années à Rome, en qualité de pensionnaire de l’Académie de France, s’attacha surtout à moderniser le château de Chavaniac. Malheureusement, les finances du Général, déjà compromises, comme on l’a vu plus haut, l’obligèrent à l’économie. L’on eut recours aux trompe-l’œil, aux simili-marbres et, quoique exécutées avec un certain art par un peintre nommé Albert Ancica qui avait été employé à la restauration des châteaux de Chantilly et de Meudon, ces décorations ne devaient avoir qu’un éclat éphémère.

L’heure des cruelles séparations avait sonné. Lafayette ayant été nommé commandant d’une des trois armées créées à cette époque, quitta Chavaniac à la fin de décembre. Mmes d’Ayen et de Noailles regagnèrent bientôt après Paris, où une mort cruelle attendait ces nobles victimes.

Mme de Lafayette, sa tante et ses jeunes enfants restèrent en Auvergne, où, après la journée du 10 août, leur situation devint des plus critiques. Dès ce jour, commença pour l’héroïque épouse du Général une vie d’alarmes, d’angoisses, de luttes de tous les instants, qui ne devait prendre fin qu’à sa sortie des prisons d’Olmutz. Cette femme si résignée, si digne, devant laquelle s’inclinèrent tous les respects, pourvut à tout. Elle brûla ou cacha les papiers qui auraient pu compromettre son

  1. Vaudoyer, Antoine-Laurent, né à Paris le 20 novembre 1756, mort dans la même ville le 28 mai 1846.

    Il obtint, en 1783, le grand prix de Rome, et à son retour d’Italie, fut nommé successivement architecte de la Sorbonne, du Collège de France, de l’Observatoire, du collège des Quatre-Nations, où il reçut mission d’installer l’Institut. Enfin, il fut l’un des créateurs de l’École des Beaux-Arts, où il professa avec une grande distinction et devint membre de l’Institut (section des Beaux-Arts).

    Il avait épousé, en 1791, Mlle Lagrenée, fille du peintre célèbre, son ancien directeur à Rome.

    Il mit à profit son séjour à Chavaniac pour réunir les documents de l’étude suivante : Rapport sur les moyens d’améliorer les habitations des cultivateurs de la Haute-Loire, depuis les environs de Clermont jusqu’au Puy, par Vaudoyer, architecte. Riom, an V ; in-8o, 16 p.