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tour et d’en faire des tissus de diverses espèces ; le rétablissement d’un chemin très nécessaire et la résidence en ce même lieu d’un chirurgien dont les pauvres, d’après les bienfaits de leur seigneur, reçoivent gratuitement les secours »[1].

Au mois de janvier 1774 M. Gérard, tuteur onéraire de Lafayette, annonça à Mme du Motier la concession de ces deux foires auxquelles la bourgade d’Aurac a dû, depuis lors, une grande part de sa prospérité.

La filature dirigée par un Anglais aurait également été pour le pays une abondante source de fortune, si des circonstances qui nous sont inconnues ne l’avaient obligé à fermer ses portes.

Le chirurgien dont fait enfin mention la note reconnaissante de l’ancien curé d’Aurac, était originaire de Carpentras et se nommait Guintrandy[2]. En 1793, en sa qualité de maire d’Aurac, il rendit d’importants services à la famille de Lafayette, qui, après la tourmente révolutionnaire, l’appela à Chavaniac, où il résida jusqu’à sa mort, en 1831, recevant des bienfaiteurs de la commune un traitement annuel de 600 fr.

Les anciens du pays n’ont pas perdu le souvenir de ce bon docteur, à la haute stature, portant culottes courtes, chapeau tricorne et catogan, qui, pendant près d’un demi-siècle, prodigua ses soins aux souffrants, et qui avec sa brusquerie voulue, ses jurons provençaux, réalisait si bien le type du bourru bienfaisant.

Jusqu’à la Révolution, le principal revenu de la cure de Chavaniac consista en une rente de 400 livres que lui payait M. de Lafayette[3]. Plus tard, le desservant de la paroisse fut longtemps logé et nourri au château.

À son retour d’Amérique, le Général, frappé de la perfection

  1. Répertoire alphabétique des actes de la paroisse d’Aurat, 1786, par l’abbé Compte, ancien curé d’Aurac, manuscrit conservé dans les Archives municipales de Saint-Georges-d’Aurac.
  2. Jean-Ange Guintrandy, né à Carpentras, en 1756, mort à Chavaniac, le 11 août 1831.
  3. Registres des délibérations de la commune d’Aurac, années 1790-91.