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blés et nobles Benjamin de Saint-Vidal, bailli de Roche, et Antoine de Saint-Vidal, capitaine d’Espalion. Les deux jours suivants, les mêmes rites furent observés pour la prise de possession successive des mandements d’Artias, de Retournac et d’Espalion. » (Baronnies du Velay, Roche-en-Regnier, par Truchard du Molin, pages 116 et 117).

Au nombre des garnisons établies par le roi au pays de Velay en décembre 1590 figure celle d’Espalion. Elle comptait quinze arquebusiers à pied et avait à sa tête Benjamin de Saint-Vidal, sieur d’Orcerolles et bailli de Roche-en-Regnier, qui était venu y chercher un refuge après la prise de Roche par M. de Hautvillar. Le sieur de Chabanolles l’occupa à son tour pour la Ligue pendant quelques mois de l’année suivante ; mais comme sans doute la défense de cette forteresse nécessitait l’emploi de plusieurs hommes d’armes, que sa position stratégique offrait peu d’importance et qu’il eût été néanmoins dangereux de la laisser retomber aux mains de l’ennemi, on résolut de la démolir, et le sieur de Chabanolles, chargé d’accomplir cette œuvre, reçut à cet effet une somme de cent livres qui lui fut allouée par Jacques Dulac, commis pour la Ligue le 17 octobre 1591. (Voir les Mémoires de Jean Burel, pages 248, 252 et 269).

Le Répertoire des hommages de l’évêché du Puy mentionne un échange fait en 1668 entre le marquis de Nérestang, seigneur de Roche-en-Regnier, et noble Jérôme Fraix, sieur d’Espalion. Plus tard, un de Fraix ayant pris le titre de seigneur d’Espalion, cette qualification donne lieu à un incident ainsi rapporté par M. l’abbé Payrard dans le journal la Haute-Loire du 26 août 1869 :

Guy ou Guignes, seigneur de Roche-en-Regnier, le 9 mars 1310, transigeait avec les habitants de Roche et leur accordait le droit de lignerer (prendre du bois) dans une partie de la forêt de Mione, moyennant certaines redevances. Au mois de mars 1723, quelques hommes d’Artias s’étant permis de couper des arbres dans cette forêt, au détriment des habitants de Roche, des coups sont donnés et reçus et la justice locale est saisie de plusieurs poursuites au criminel. Le 21 octobre suivant on décide que des limites seront plantées, que deux experts constateront les dégâts et la paix est faite. Elle ne devait pas durer, car les limites ne furent point plantées et un long procès s’ensuivit.

En mars 1732, nouvelles déprédations de la part des habitants d’Artias qui prétendaient avoir toujours eu le privilège de couper du bois dans la forêt entière de Mione.

Devenu acquéreur de la seigneurie de Roche le 24 juillet 1730, messire Jean Jourda de Vaux informa secrètement la Cour qui fit emprisonner les délinquants. Le procès entre les communautés de Roche et d’Artias reprit de plus belle ; mais les habitants de Roche exhibèrent leurs titres, et leurs adversaires furent déboutés de leur demande. De nombreux incidents vinrent se greffer sur cette instance. Le sieur de Fraix, dont les bestiaux avaient dévasté les bois naissants de la baronnie de Roche, apposa sur une requête relative à ce litige le titre de seigneur d’Espalion à côté de son nom. De là nouveau procès entre lui et Jean Jourda de Vaux qui, dans un factum, demande que les mots seigneur d’Espalion « insérez dans la requête du 27 mai 1737, soient rayés par le greffier de la cour, avec déffense au sieur de Fraix d’Espalion, de prendre à l’avenir la qualité de seigneur d’Espalion. »