Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1881-1882, Tome 3.djvu/224

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
215
testament de claude-yves marquis d’alègre

Claude-Yves de Tourzel, marquis d’Alègre, maréchal des camps et armées du roi, maistre de camp d’un régiment de cavalerie de son nom, etc., avait pris une part brillante à toutes les campagnes du règne de Louis XIV. Il était déjà épuisé par plusieurs blessures et par les fatigues d’une vie militaire très laborieuse, lorsqu’il testa une première fois, au mois de novembre 1661. Les plus actives recherches n’ont pu malheureusement nous faire retrouver cette pièce. Peu de temps après, une attaque de paralysie l’ayant privé de l’usage de son bras droit, et sa fille aînée étant décédée, il rédigea un second testament, ou plutôt un codicille, au château de Salezuit, le 6 novembre 1664. Nous le reproduisons en son entier.

Ce document est intéressant à tous égards. Il nous fait d’abord connaître les vastes possessions de la maison d’Alègre au XVIIe siècle, possessions qui se réunirent toutes, quelques années plus tard, sur la tête d’Emmanuel d’Alègre, père du maréchal de France, dernier représentant mâle de cette puissante race. Il nous initie ensuite à l’état de maison d’un grand seigneur à cette époque.

On voit par le testament de Claude-Yves d’Alègre que son entourage se composait de personnes choisies autant que possible dans les rangs de la petite noblesse ou de la plus haute bourgeoisie. Tels étaient le chapelain, les gentilshommes écuyers, le bailli, le capitaine du château, l’intendant, etc.[1]

Au-dessous de cet état major, qui constituait une véritable petite cour, était un personnel de nombreux domestiques, qui peuplaient la demeure aristocratique, où l’on menait la grande vie seigneuriale d’autrefois. Tels étaient les chambrières, les laquais, palefreniers et cuisiniers.

Enfin nous voyons figurer dans cette nomenclature de serviteurs attachés à la personne du seigneur, un cocher, indice du

  1. On trouve à Alègre, à la même époque, le receveur général du marquisat, le capitaine des gardes et le capitaine des chasses du marquisat. Leur autorité s’étendait aussi sur les terres de Flageac, Salezuit, Chabreuges, etc.