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LES ORIGINES DE LA CHARTREUSE DE VILLENEUVE
près le puy (1626-1628)


La Chartreuse de Bonnefoy était située vers les limites du Velay et du Vivarais, au-dessous des hauts sommets du Mezenc et de l’Ambre, à une altitude de 1,400 mètres. Ces deux montagnes, par les neiges dont elles sont couvertes pendant près de huit mois de l’année, contribuent à augmenter encore l’âpreté de ce climat si rude que la rose n’y forme son bouton qu’au mois d’août et ne peut jamais, même à la meilleure exposition, s’y épanouir complètement[1].

L’homme lui-même se montrait presque aussi rude que le climat. Chargés d’impôts et de redevances seigneuriales, les habitants, obligés de vivre de privations journalières, étaient généralement sombres et mélancoliques, et leur sauvage énergie se faisait jour dans les terribles luttes qui se terminaient trop fréquemment dans le sang.

C’est sous ce climat et dans un tel lieu que les Chartreux posèrent, vers le milieu du XIIe siècle, leur retraite de prière. Successivement, suivant la prospérité et la fortune croissante du couvent, les constructions s’élevèrent et devinrent considérables ; mais l’emplacement qui avait été choisi était si mauvais, que les Chartreux ne purent jamais, malgré de coûteux efforts, garantir complètement leur maison des eaux pendantes de la montagne où elle était adossée.

Les Chartreux, sous les mains de puissants protecteurs, confiants d’ailleurs dans la ceinture de fortes murailles et de fossés

  1. Vital Bertrand, Essai sur l’histoire naturelle et sur l’agriculture de l’arrondissement du Puy. Au Puy, J.-B. Lacombe, 1811, in-8o, pag. 73.