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cher. Plusieurs en faisaient une véritable industrie. Au moment où la médecine allait rejeter toutes ces préparations merveilleuses, un savant antiquaire, Pasumot, qui avait beaucoup voyagé dans l’Auvergne et le Velay, consacrait à nos chercheurs de pierres fines la note suivante peu connue, perdue qu’elle est dans le volumineux recueil du Journal de physique fondé par l’abbé Rozier[1].

« Manière dont on ramasse le grenat dans le ruisseau d’Espaly, près du Puy-en-Velay, par M. Pasumot.

« Parmi les singularités de l’histoire naturelle des environs du Puy, le ruisseau d’Espaly mérite une attention particulière à cause de son sable dans lequel on ramasse du grenat. Ce ruisseau, qui reçoit son nom du village qu’il arrose, coule dans un vallon assez dégagé. Son cours n’a pas plus d’un bon quart de lieue. C’est moins un ruisseau qu’un torrent, dont la chute est assez rapide, et qui ne fournit de l’eau avec abondance que lors de la fonte des neiges ou à l’occasion des pluies ; ordinairement il y a très peu d’eau. Son lit est abondamment rempli de fragments plus ou moins gros de pierres volcanisées. Le sable est un débris de ces pierres mêlé de beaucoup de terre noire et brûlée. Jamais on ne soupçonnerait qu’il contînt du grenat, que quelques familles du village d’Espaly vont y chercher. Ils dégagent d’abord les pierres avec un pic, parce qu’elles sont trop ensablées ; avec un cueiller de fer, ils amassent le sable gros et petit, avec toute la terre qui y est mêlée ; ils examinent ce sable et le rejettent quand il leur paraît ne contenir que trop peu ou point de grenat ; quand il leur paraît qu’il en contient assez, ils en remplissent une petite auge d’environ quinze pouces de long sur dix de large, et dont les bords n’ont tout au plus que deux pouces et demi à trois pouces de hauteur ; alors ils lavent à l’eau du ruisseau qu’ils retiennent à cet effet ; ils en séparent

  1. Janvier 1774, t. III, pag. 440. — Comparer avec ce que dit Faujas de Saint-Fond sur le Riou-Pezouliou et ses pierres précieuses : Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay. 1778. in-fol., pag. 185.