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variétés historiques et biographiques

que la reine eut quitté l’Auvergne, Ranquet « jura divorce avec le monde », et entra chez les Jacobins. En août 1615, il fut élevé à la dignité de prieur du couvent de cet ordre à Toulouse. Il le redevint de nouveau, en 1626, et mourut vers 1639. Il laissait une si bonne odeur auprès de ces moines que son frère cadet, sans doute en souvenir de lui, fut élevé à la même dignité.

Avant sa retraite, il avait publié, à Lyon, dans le format in-12, chez Claude Morillon, ses Diverses œuvres poétiques, en plusieurs parties et sous différents titres.

Les deux volumes que nous venons de décrire sont de la plus grande rareté. Les exemplaires que j’ai consultés à Paris sont probablement uniques. Je les ai copiés ou fait copier presque entièrement avec l’espoir de les rééditer un jour, moins sans doute à cause du mérite, certes très contestable, des vers de nos compatriotes, que parce qu’ils contiennent l’expression du mouvement littéraire prononcé qui régnait alors dans nos contrées, mouvement qui a sûrement passé inaperçu jusqu’à ce jour. En attendant cette résurrection de nos deux poètes — résurrection qui se fera peut-être encore un peu attendre, — voilà un échantillon, je n’ose dire de leur poésie, mais de leurs vers.

Et d’abord Chillac.

Voici l’odelete qu’il adresse à Antoine de Roqueplan, « donneur du lys au Puy » :

Parmi la foudre et les esclairs,
On voyoit mourir les lis verts,
Lors qu’alumé de sainte flame,

    sur le verso de la garde du registre de 1601, les vers suivants que nous lui attribuons :

    Qui trop s’estime, a rien ne vault
    Dans ung celier mettre le fault.

    Ranquet.

    Desjeuner de joye, disner par plaisir,
    Gouster par amour, soupper à loysir.

    Ranquet.