Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
336
mémoires

affaire du moyen-âge. Nous comprenons, de reste, que M. Chassaing ait voulu se borner à l’inédit. — Il y a tant de plaisir à défricher un terrain vierge de l’érudition ! — le devoir toutefois des chercheurs est de mettre à la disposition du public la plus grande somme possible d’instruments de travail. Les interrogatoires des Templiers ont été publiés par Léon Ménard dans le premier volume de son Histoire de Nîmes. On peut donc recourir à l’ouvrage de Ménard pour l’instruction poursuivie contre les Templiers vellaves, mais cet ouvrage est rare et coûteux. Il est donc utile, à notre avis, de jeter dans la circulation courante les témoignages produits contre les Templiers de notre diocèse dans la formidable procédure inspirée par le roi Philippe le Bel et le pape Clément V. Dans notre modeste sphère, nous voulions prêcher d’exemple. Voici une déposition faite devant les commissaires pontificaux par un précepteur de la maison de la Drulhe en Rouergue. Cette déposition concerne la préceptorerie anicienne : elle est écrite dans ce latin, qui brave l’honnêteté et elle ne doit être retenue, comme nous disons en cour d’assises, qu’à titre de simple renseignement. Le témoin, très suspect par sa situation personnelle, a obtenu par ses aveux préliminaires l’absolution des juges : on sait trop ce que valent, dans les grands procès politiques de tous les temps, les révélations provoquées par la crainte, achetées par l’or ou les promesses. Lorsqu’une accusation pèse sur un grand nombre d’individus, il se détache toujours du groupe certaines âmes vénales ou timides, qui cherchent leur salut en dénonçant leurs compagnons d’infortune.


Frater Guigo de Ruppe Talhata, presbiter, preceptor domus Templi de Drulha, diocesis Ruthenensis, testis supra juratus, XXXa annorum vel circa, mantellum defferens, cum quo inquisitum fuerat, absolutus et reconciliatus per dominum episcopum Ruthenensem, lectis et diligenter expositis sibi omnibus et singulis articulis, respondit se nescire, nec credere, nec audivisse dici de contenus in eis nisi quod sequitur. Dixit enim se fuisse receptum circa instans festum beati Dionisii erunt X anni in capella domus Templi