Page:Société agricole et scientifique de la Haute-Loire - Mémoires et procès-verbaux, 1879-1880, Tome 2.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
mémoires

l’an la solennité de l’Annonciation ? M. Chassaing estime que ce changement se produisit au XIIe siècle et, pour notre part, nous avons suivi cet avis en établissant, dans notre notice sur Humbert d’Albon (Annuaire de la Haute-Loire de 1880), que cet évêque était élu avant l’Annonciation, c’est-à-dire avant le premier jour de l’année 1128. Nous voulons faire un pas de plus et dire que l’Annonciation commença notre année bien avant le XIIe siècle. Il est permis de croire que les Vellaves furent guidés dans cette révolution de leur calendrier par l’importance de leur pèlerinage.

La fête de l’Annonciation par sa rencontre avec le vendredi saint ramenait à notre sanctuaire son bonheur, sa gloire, son triomphe, et, pour tout dire d’un mot, son jubilé. Il est acquis que les peuples chrétiens empruntèrent tour à tour le début de leur année aux grandes époques de la vie du Sauveur et datèrent successivement de l’Incarnation, de la Nativité, de Pâques, etc. La Noël était sans doute un bel anniversaire, mais elle ne rappelait qu’une phase de l’existence mortelle du Christ, tandis que le jubilé évoquait ensemble deux grands souvenirs religieux : la conception du Messie et sa mort sur la croix. Les fidèles de notre diocèse prirent donc l’habitude d’inaugurer leur année par un jour doublement glorieux, par la solennité hors ligne, qui attirait toute la Gaule aux pieds de la Vierge d’Anis. Il nous semble donc légitime de remonter plus haut que M. Chassaing et de dire que la Noël céda la place à l’Annonciation comme ouverture de l’année, sitôt que notre pèlerinage eut acquis une grande popularité dans le monde chrétien. Or, nous avons la preuve que le pèlerinage du Puy, dans son expression la plus haute, c’est-à-dire le jubilé, le grand vendredi, le vendredi aoré, florissait dans notre cathédrale avant l’an mil. Dans certains titres du Xe siècle, le Puy est déjà appelé la cité de la Vierge… Podium Sanctæ-Mariæ. Bernard, écolâtre d’Angers, qui écrivit entre 1007 et 1020 le livre des Miracles de Sainte-Foix, dédié à Fulbert, évêque de Chartres, raconte dans cet ouvrage que plusieurs habitants d’Angers vinrent, à titre de pèlerins, vers cette