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bibliographie

nales et de cette comparaison il a fait ressortir l’attitude très active, très militante de l’évêque du Puy, au moment où les deux partis en vinrent aux mains. M. Jacotin démontre que Bertrand de Chalencon ne garda point la neutralité et se déclara de bonne heure, avant même que le glaive fût tiré. Il aida aux préparatifs de la lutte et s’associa aux revendications préliminaires d’Innocent III. En 1207, il accompagnait, dans ses courses en Languedoc, le légat du Souverain Pontife, l’intrépide et malheureux Pierre de Castelnau. Le légat du pape avait pour mission de tenir en haleine par ses prédications et ses encouragements l’orthodoxie des fidèles, de convertir les égarés et de réchauffer les tièdes : la présence, en ce moment décisif, de notre évêque à côté du représentant du Saint-Siège atteste que Bertrand de Chalencon avait compris les périls de l’unité catholique, et prenait sa part dans les difficultés de la défense commune.

Bertrand de Chalencon n’était point un inconnu pour Innocent III. L’illustre pontife, préposé au gouvernail de l’Église dans une si noire tempête, avait temps pour tous les devoirs de sa charge apostolique. De la main qui lançait au monde des bulles enflammées, il traçait des règles de conduite pour les évêques des plus lointains diocèses. Ce vaste génie, occupé de tant d’affaires politiques et religieuses, ne craignait point de s’abaisser aux plus humbles détails de la discipline sacerdotale. En 1201, Bertrand de Chalencon lui soumit le cas d’un chantre de son église, qu’il hésitait à ordonner prêtre dans les circonstances suivantes. Une certaine femme accusait ce chantre de l’avoir frappée par derrière et de lui avoir procuré un avortement. Le chantre avouait bien qu’il avait jadis donné un coup à une femme, mais il ne croyait pas que cette violence eût eu un résultat si grave. Le pénitencier de la Cathédrale avait fait une enquête, d’où il ressortait que l’accusé était homme intelligent et de bonnes mœurs et que sa dénonciatrice voulait exercer une spéculation. Néanmoins l’évêque ne savait s’il devait conférer la prêtrise au chantre et il demandait au pape conseil sur la conduite à tenir. Innocent III lui répondit par la lettre suivante :