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les rochebaron

unes au dessus des autres. Parmi ces souterrains, il en est qui aboutissent aux tours. Les gens du peuple sont même dans la croyance que quelques-uns se prolongent dans les montagnes des environs. C’est dans ces lieux ténébreux que, d’après la tradition conservée dans le pays, un seigneur de Berzé renferma un homme et un bœuf sans nourriture, pour savoir lequel des deux vivrait le plus longtemps. Dans quelque siècle que l’on place cette expérience aussi extravagante que barbare, il faut croire, malgré tout le respect que l’on doit à la tradition, qu’elle n’a jamais eu lieu. — En 1315, Geoffroi de Berzé, homme violent et emporté, osa frapper, au château de Vérizet, Pierre de Montverdun, archidiacre de Mâcon. Le parlement ordonna que le seigneur et tout[sic] ceux qui, après lui, posséderaient la terre de Berzé, feraient brûler tous les ans, et à perpétuité, pendant l’octave de saint Vincent, dans le chœur de cette église, un cierge du poids de 50 livres, en réparation de l’outrage fait à Dieu dans la personne de son ministre. — Le château a figuré dans les guerres civiles et religieuses qui ont désolé le Mâconnais comme tant d’autres provinces. Le duc de Bourgogne y avait garnison. Les troupes du Dauphin, depuis Charles VII, le lui enlevèrent en 1421, et de là fatiguèrent le pays jusqu’à ce que les Bourguignons le reprissent : ce qui n’eut lieu qu’à plusieurs années de là. On voit, en effet, dans les registres secrétariaux de Mâcon « qu’au mois de novembre 1430, le conseil de ville députa à Dijon, auprès du maréchal gouverneur de Bourgogne, pour exposer que le pays de Masconnois estoit en voye de perdition se pourveu n’estoit à rebouter les ennemis qui tenoient Mazilles et Berzé et détruysoient ledit pays. »

Dans le siècle suivant, non moins fécond en désastres, ce château lutta, pendant plusieurs années, contre les efforts du parti de l’Union catholique. Il était défendu par le seigneur de Rochebaron, seigneur de Joncy et de Berzé, qui fut un fidèle champion du parti royaliste. Les habitants de Mâcon eurent beaucoup à souffrir de son voisinage. Plusieurs fois cette ville, qui était au pouvoir du duc de Mayenne, envoya des troupes pour en faire le siège. La femme du sieur de Rochebaron commandait le château en l’absence de son mari qui guerroyait dans le pays. Nous extrayons des annales inédites de Mâcon les passages ci-après qui se rattachent à l’histoire de cette maison forte. On y lit qu’au mois d’octobre 1689, le receveur des tailles s’étant plaint au gouverneur de cette ville de ce que les villages sujets du seigneur de Berzé refusaient de payer les cotes auxquelles ils étaient imposés pour les munitions, « M. de Varennes écrivit une lettre fort honnête à Mme de Rochebaron, qui lui fit une réponse fort fière et lui manda