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les rochebaron


Les seigneurs de Berzé en Masconnois, du nom et armes de Rochebaron.

Pierre de Saint Julien, qui a donné la généalogie de cette branche, la fait sortir d’un Jean de Rochebaron, comte de Forez, mais cette qualité, qui n’est appuyée d’aucun titre, et qui est assez détruite par ce que nous avons dit cy dessus, les alliances qu’il donne à Briand, Henry et Macé de Rochebaron, sont si peu raisonnables, qu’on peut dire de cette généalogie, qu’elle est plustost un songe d’un homme endormy qu’une véritable histoire.

Toutes ces alliances estant donc fabuleuses, je commence ceste petite narration par Macé de Rochebaron, dont l’existence est indubitable, comme nous apprenons de l’histoire du mareschal de Boucicaut, lequel il accompagna en diverses courses qu’il fit sur les mers du Levant et notamment au port de Roquebrune, où il donna la chasse à quatre galères turques qu’il y trouva ancrées après les avoir combattues, et où Macé de Rochebaron et Jean d’Ony, qui commandoient à la proue de la galère du général, eurent beaucoup à travailler, à cause de l’inégalité de nos forces eu esgard à celle des ennemys.

Au reste, je ne voudrais pas dénier que ce Jean de Rochebaron, prétendu comte de Forez, Brian, Henry et Macé de Rochebaron n’ayent véritablement esté et qu’ils ne soyent sortis cadets de la branche des seigneurs d’Usson en Auvergne, à raison de quoy on les appelle les Rochebaron d’Auvergne, pour les distinguer de ceux de Forez, mais je peux assurer que Pierre de Saint-Julien ne trouvant point leurs alliances, il leur en a forgé de sa teste jusques à ce Macé de Rochebaron, de qui la femme, Alix de Roussillon, près Perpignan, n’estoit point niepce d’un duc de Bretagne et encore moins de la maison d’Aragon dont on luy donne les armes, mais bien plustost de celle de Roussillon en Dauphiné, qui estoit illustre et portait eschiquetté d’argent et d’azur à une bordure de gueulles, dont quelques puisnez s’estant venus loger en Bourgogne, ils se distinguèrent de ceux-là par un escusson lozengé d’argent et d’azur, quelquesfois sans bordure, et quelquesfois avec la bordure de gueulles. Or, cette alliance l’ayant attiré au service des ducs de Bourgogne, qui n’estoient pas bien avec les ducs de Bourbon, lors comtes de Forez, il abandonna son pays natal pour suivre les Bourguignons, dont il se trouva bien avec le temps, tant il y a qu’il eut un fils de cette alliance : Antoine de Rochebaron, seigneur de Berzé.

Tome II, 1881.
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