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montagnes[1]. L’évêque faisait instruire ses pages et varlets dans la religion et les bonnes lettres : il leur apprenait par son propre exemple à se bien tenir, à garder la modestie ; il dressait leur âme par les pratiques pieuses et leur corps par les exercices et les fatigues. « C’est un bel usage de notre nation, » disait plus tard Montaigne, « qu’aux bonnes maisons nos enfans soient reçus pour y être nourris et élevés pages comme en une école de noblesse et est discourtoisie, dit-on, et injure d’en refuser un gentilhomme. »

À quinze ans le page devenait écuyer, scutifer. Il y avait les écuyers de corps ou d’honneur qui accompagnaient à cheval le châtelain ; les écuyers tranchants qui découpaient et servaient à table ; les écuyers d’armes qui portaient la lance de leur patron, sa bannière et les diverses pièces de son armure. L’écuyer était investi de sa charge par une véritable consécration religieuse. On le conduisait à l’autel, au moment où il était mis hors de page, c’est-à-dire quand il sortait de l’enfance pour entrer dans la jeunesse. C’était l’antique cérémonie de la robe prétexte. Alors commençait le noviciat militaire. L’écuyer portait le haubert et le casque, il chevauchait et combattait côte à côte avec son seigneur, prenait part à ses expéditions, rompait la lance sous ses yeux. L’enquête de 1285 nous fait pénétrer dans l’intérieur d’un évêque du XIIIe siècle et nous montre le comte de Velay au milieu de sa cour, à la fois guerrière et sacerdotale. Lorsque Pons de Chapteuil vint supplier Bernard de Montaigu de lui rendre la liberté et ses domaines, le prélat avait autour de lui plusieurs prêtres et serviteurs laïques et, parmi ces derniers, Adalbert de Polignac, chevalier ; Pons André et Jean Guers, écuyers ; Pierre de Mauprat, garde de la chambre ; Robert de Mauprat, porte-fanion.

  1. Interrogatoire d’Antoine de Chabanes, à Loches, le 21 octobre 1523, par les commissaires nommés à l’instruction du procès du connétable de Bourbon (Bibl. Nat. Fonds Dupuy) ; l’évêque déclara que dans le mois de juillet ou d’août précédents, il avait été courir un cerf, auprès d’un lieu nommé Saint-Victor, à quatre lieues du Puy.