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étonné personne, et peut-être la Société n’aurait pas chargé deux de ses collègues de lui faire un rapport à ce sujet.

Pour vous faire connaître la fréquence de cet accident et les moyens employés pour le combattre, nous croyons utile de citer ici une page d’un Traité sur la houille dont l’auteur est M. Gaston Tissandier, professeur de chimie à l’Association polytechnique :

« Quand les houilles menues séjournent trop longtemps dans la mine, dit cet auteur, elles s’échauffent sous l’influence de la fermentation, et la température peut s’élever au point d’en déterminer l’inflammation ; le feu s’alimente, et, trouvant toujours de nouveaux combustibles, il se propage avec une terrifiante intensité.

Pour lutter contre le feu, le mineur ferme les galeries avec des murs d’argile, qui limitent le champ du désastre ; mais que de courage, que de fermeté sont nécessaires pour exécuter ces barrages, en face même du foyer incandescent, qui échauffe toute la mine, et lui communique souvent une température de 60° ! Les ouvriers travaillent tout nus, avec une admirable constance, que vient soutenir le but du salut qu’ils entrevoient.

La chaleur est accablante ; l’air est vicié par les produits de la combustion, et les hommes ne peuvent construire le barrage qu’au prix d’une véritable torture ; ils sont quelquefois anéantis par l’influence des gaz délétères, et ils cherchent à en combattre les effets, en appliquant sur leur bouche un linge imbibé d’ammoniaque.

C’est dans cette fournaise infernale qu’ils construisent à la hâte le rempart d’argile, pendant que le feu, travaillant au fond des galeries, fait, de moment en moment, des progrès rapides, et s’avance avec la vitesse de l’inondation qui balaye les obstacles.

Le feu triomphe parfois, et, quand tous les efforts ont été impuissants, on abandonne la houillère qui devient un foyer perpétuel ! Il est des mines qui brûlent sous terre depuis des