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mémoires

Fin mai, commencement de juin, quelques bruches sont vues sur les lentilles. D’où viennent-elles ? Pour moi, elles sortent de la terre où elles ont été enfouies avec la semence. Comment vivent-elles ? Je ne saurais l’affirmer, cependant quelques découpures des feuilles me font croire qu’elles sont herbivores. Je les surveille chaque jour et, enfin, dès les premières fleurs, je les vois pénétrer dans leur intérieur et en ressortir au bout de quelques instants. La fleur, cueillie avec soin, disséquée avec précaution, me permet de découvrir à la loupe sur le rudiment de la gousse un corps jaunâtre de forme ovoïde, à écailles imbriquées, que le microscope me montre plus tard évidemment comme un œuf collé sur la gousse. J’ai eu occasion depuis, Messieurs, d’examiner des milliers de ces œufs ; aucun, je vous l’assure ne m’a produit la même sensation que celui-là, je tenais le premier anneau de la chaîne que je voulais suivre. Contrairement à l’opinion du Musée entomologique, qui dit que la bruche ne pond jamais qu’un seul œuf sur chaque gousse, j’y en ai trouvé jusqu’à quatorze. La période d’incubation m’a paru varier de dix-huit à vingt jours ; elle ne se termine pour aucun œuf avant que la lentille commence à se strier légèrement de noir, avant que la partie féculente s’y soit développée. Alors, la larve dont vous avez pu suivre le développement au microscope à travers la coquille transparente de l’œuf, perce cette coquille et humecte la gousse de manière à la ramollir. C’est là le moment critique : beaucoup de larves n’ont pas la force de percer l’enveloppe parcheminée, beaucoup, pondues trop tard, lui ont laissé acquérir une trop grande résistance ; aussi trouve-t-on souvent à la surface de la gousse des tracés sinueux qui sont le résultat des efforts infructueux de la larve sortie de l’œuf, qui meurt alors à la surface de la gousse. L’animal suffisamment robuste perce la gousse et comme presque toujours l’œuf était placé au-dessus de la lentille, il pénètre immédiatement à l’intérieur de celle-ci. Le fait ayant été nié, j’ai tenu à prendre le ver dans toutes ses pérégrinations et j’en ai saisi quelques uns pénétrés à moitié dans la gousse, d’au-