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reviendraient au roi, le traitant, en gages ou en droits, toucherait plus de 76,620 livres d’intérêts. D’ailleurs, cette création serait contraire à tous les usages de la province, où les deniers patrimoniaux ou émoluments s’emploient en moins imposé sur la taille, et où les subventions doivent bientôt finir avec l’extinction des dettes ; quant aux octrois, il n’y a que les villes de Toulouse et du Puy, qui en possèdent, et, à Toulouse où ils montent à 180,000 livres, on ne voudrait pas confier un si grand recouvrement à un receveur des tailles. Au contraire, l’affaire pourrait non-seulement réussir, mais même rapporter 600,000 livres sans intervention du traitant : 1o en accordant un receveur particulier pour la ville de Toulouse ; 2o en confiant aux receveurs des tailles le recouvrement des subventions et des deniers affectés aux dépenses ordinaires moyennant 400,000 livres ou plus d’augmentation de gages au denier dix-huit, qui donneraient au sol la livre sur le recouvrement environ 1,750 livres pour chacun des deux receveurs. Les choses étant ainsi fixées, l’édit de création n’aurait plus rien d’extraordinaire pour la province, puisque le reste du royaume a déjà des receveurs des octrois, créés moyennant des augmentations de gages. »

Cette dépêche de M. Bâville est digne d’attention. Elle jette une éclaircie sur les procédés administratifs de Louis XIV à l’égard de la province de Languedoc et de notre ville. Elle nous initie de plus au système financier de ce règne, fait avant tout de bureaucratie et de maltôte. Ainsi, de l’aveu même de M. de Bâville, l’un des agents le plus en vue de Louis XIV, la création des emplois était inspirée, non par les besoins publics, mais par les exigences d’une fiscalité sans contrôle et sans frein. On instituait des fonctionnaires uniquement pour tirer d’eux en belles espèces sonnantes l’achat de leurs offices. Nos pauvres octrois du Puy servirent à ces expédients de trésorerie aussi lourds pour le contribuable que ruineux, en définitive, pour le gouvernement.

M. de Boislisle continue par l’analyse suivante des documents annexés à la lettre de l’intendant :