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note sur les évêques du puy

puis à l’absorption de la supériorité épiscopale par la royauté (pariage de 1307).

Revenant au point de départ, il faut se demander pourquoi le pouvoir temporel des évêques ressuscite tout à coup en 924 et s’affirme à cette date avec tant d’énergie. Un pouvoir aussi bien armé ne s’improvise pas en un jour. Il faut interroger les précédents des âges antérieurs et alors tout s’explique. Si la suzeraineté judiciaire et administrative de l’épiscopat vellave prévaut en 924, c’est que depuis les empereurs chrétiens cette suzeraineté n’a jamais péri, qu’elle a survécu aux décombres des invasions, à tous les changements de régime ; que, momentanément altérée mais non détruite, elle est restée dans le souvenir des peuples comme un symbole de paix et d’avenir, et qu’enfin elle s’est reconstituée d’elle-même lorsque la société a repris une marche régulière. La persistance de la tradition romaine, si visible dans les habitudes, les lois, les mœurs de la Gaule franque, suffit pour justifier l’invincible ténacité de la magistrature politique des évêques et sa renaissance en notre ville aux débuts du Xe siècle.

Les termes du diplôme d’Adalard attestent eux-mêmes la puissante empreinte laissée en notre province par la civilisation latine. En quoi diffèrent la magistrature organisée au profit des évêques par la législation impériale et le pouvoir temporel consacré par l’acte de 924 ? À part le droit de battre monnaie, droit d’essence régalienne, les évêques du Puy sont replacés au même rang qu’ils occupaient à l’époque de saint Vosy. Ils reçoivent le dominium, c’est-à-dire la souveraineté politique et la propriété civile d’une partie du burgus ; mais sous l’ère gallo-romaine, les édits de Théodose et de Justinien n’assuraient-ils point sous d’autres dénominations les mêmes avantages à leurs prédécesseurs ? Le Forum n’est point le Fort-Tholonéal ou Tholau, comme l’ont si étrangement traduit Médicis et Gissey : cette expression concrète indique les divers attributs de justice, d’administration, de police et même de force militaire, dont se composait à Rome le gouvernement de la cité. Le Teloneum