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« La séance allait être levée, lorsqu’un des élèves, le citoyen Nirandes, ayant reçu le premier prix de mathématiques, demande la parole, au nom de ses condisciples couronnés avec lui et de toute l’école, pour remercier ses maîtres de leur zèle et de leurs soins assidus. Cet hommage inattendu, le ton affectueux du jeune orateur, cette expression spontanée de reconnaissance, pénètrent toute l’assemblée, et les professeurs en particulier, d’une profonde sensibilité.

« Le citoyen Rochefort, se faisant l’interprète de ses collègues, témoigne au jeune élève toute sa satisfaction pour ce témoignage de sympathie.

« La séance est levée au chant de la strophe Amour sacré de la patrie au milieu des acclamations générales, et en laissant l’idée que cette cérémonie ne sera perdue, ni pour l’instruction, ni pour les mœurs. Les élèves récompensés sont placés au milieu des fonctionnaires publics, et promenés avec pompe dans les principales rues de la commune où ils recueillent, à chaque pas, des témoignages d’intérêt et de satisfaction. La musique les conduit au spectacle, où des places leur étaient réservées au milieu des professeurs et des principales autorités[1]. »

Conformément au vœu des législateurs, les efforts des professeurs tendirent, dès l’ouverture de l’École, à « écarter, suivant une heureuse expression de François de Neufchâteau, par des procédés simples, les ronces difficiles qui hérissent l’entrée du temple des Sciences ». Ils attachèrent une grande importance aux leçons de choses, aux méthodes récréatives qui permettent à l’é-

  1. Non-seulement nos écoliers étaient conduits, les jours de fêtes, à des spectacles composés spécialement des tragédies de Corneille, Racine ou Voltaire, mais encore, à partir de l’an VII, les plus méritants d’entre eux furent appelés à interpréter, devant leurs concitoyens, les chefs-d’œuvres de ces illustres maîtres. À cette époque, une société dramatique libre se forma au Puy, et inscrivit dans son règlement « l’admission momentanée et à titre de récompense, parmi ses membres, de ceux des jeunes étudiants qui auraient le mieux mérité par leur application, leurs succès et qui joindraient à cela quelque aptitude pour la déclamation ». Nous n’avons pas à faire ressortir l’utilité le cet exercice qui donnait à nos jeunes compatriotes l’habitude de la parole, de la grâce, du maintien.