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Ainsi, dans le prix du blé en argent, il faut d’abord que le travail de l’homme prenne son salaire avant qu’il puisse être rien réclamé pour le travail de la nature par le propriétaire foncier qui en exerce les droits. Le degré de fertilité de la terre sur laquelle le blé a été recueilli, est une circonstance qui influe sur les conditions du partage à faire entre le fermier et le propriétaire du prix que le produit a rapporté ; mais cette circonstance de fertilité ne saurait influer le moins du monde sur les conditions entre le vendeur et l’acheteur de blé. Il importe fort peu à ce dernier que le blé qu’on lui offre provienne d’un terrain plus ou moins fertile ; c’est ce dont il s’informe le moins, et, à qualité égale dans la denrée, il prisera tout autant le blé produit sur la terre la plus fertile et la moins dispendieuse, que le blé recueilli avec deux fois plus de peine et de dépense sur un terrain ingrat et tout nouvellement mis en culture. La seule circonstance qui règle les conditions du contrat entre le vendeur et l’acheteur du blé, c’est la rareté ou l’abondance de la denrée sur le marché. Si elle y est rare, l’acheteur offrira plus d’argent ; et si elle est abondante, il en offrira moins. C’est ce prix, plus ou moins avantageux au produit, qui se partage inégalement entre le fermier et le propriétaire, dans des proportions dont la différence est déterminée par la quantité plus ou moins bonne, plus ou moins améliorée de la terre qui a produit ce blé. Si la terre est d’une bonté ou fertilité moyenne, le fermier ou cultivateur aura droit de réclamer deux tiers seulement dans le prix de la chose produite. Si la terre est des plus mauvaises, le fermier ou cultivateur aura peut-être à réclamer les cinq sixièmes du produit ou du prix de ce produit. Supposez qu’au lieu de faire, comme il est d’usage, le partage de la récolte, soit en nature, soit en argent, d’après un prix convenu dans un bail, le fermier et le propriétaire demeurent en société jusqu’à la vente de la denrée au marché, en sorte que cette vente se fasse par eux en commun et par une sorte de compte en participation : qu’arrivera-t-il ? Si le prix de chaque hectolitre de blé vendu au marché est sur le pied de 16 fr. 50 cent., le fermier de la terre de bonté moyenne retiendra deux tiers ou 11 fr. sur chaque hectolitre vendu, et remettra au propriétaire foncier 5 fr. 50 cent. Mais le fermier qui a eu à cultiver la plus mauvaise terre prélèvera sur ce même prix 13 fr. 75 cent. par chaque hectolitre vendu au prix ci-dessus, et ne laissera au propriétaire du fonds que 2 fr. 75 c. pour son sixième. Que le prix du blé soit plus élevé ou