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lisée et industrieuse que dans une société naissante et peu avancée, c’est-à-dire que dans la première de ces sociétés, celui qui emploie l’ouvrier et qui paye son travail en retire des produits plus abondants et d’une plus grande valeur ; mais, dans ces deux états de la société, ce que donne l’ouvrier est toujours, quant à lui, la même valeur ; c’est toujours un sacrifice pareil d’une portion de son temps et de sa liberté ; c’est toujours l’emploi de sa force à l’ouvrage quelconque qui lui a été commandé. Au dixième siècle, tout comme au dix-neuvième, l’ouvrier, loué à la journée, a fourni l’action de ses bras pendant un temps convenu ; à une époque comme à l’autre il a dû lui en coûter autant, il a donné la même chose. C’est le travail ainsi défini que Smith a présenté comme mesure universelle et invariable des valeurs ; celui qui voulait contester ce principe devait au moins prendre la définition de l’auteur telle qu’il l’a donnée.

D’autres ont attaqué la doctrine de Smith relativement au prix. Ils ont soutenu qu’il n’y avait pas de prix naturel, comme l’a enseigné l’auteur de la Richesse des nations, mais qu’il n’y avait d’autres prix que des prix courants, lesquels étaient déterminés par le rapport existant entre les quantités offertes et les quantités demandées de la chose mise au marché, et que le prix n’était autre chose que l’expression de ce rapport ou de la différence entre les deux quantités, en sorte que le prix était haut de tout ce dont la quantité des demandes dépassait celle des offres, et qu’il était bas de tout ce dont la quantité des offres excédait celle des demandes. Il est clair que la conséquence rigoureuse d’une telle théorie, c’est que dans le cas d’équilibre entre les offres et les demandes, ce qui est nécessairement l’état le plus ordinaire, puisque les producteurs ont toujours intérêt à faire monter la quantité de leurs produits au niveau de la somme des demandes et à ne la pas faire monter plus haut, dans ce cas donc le prix de la chose devrait être zéro. Mais, en se conformant aux leçons de Smith, il faut dire que le prix est trop haut quand la somme des demandes surpasse celle des offres, et qu’il tombe trop bas toutes les fois que la quantité offerte est plus grande que la quantité demandée, en sorte que dans le cas qui doit se rencontrer le plus souvent, où il y a équilibre entre la somme des offres et celle des demandes, le prix se trouve être ni trop haut ni trop bas, et par conséquent est dans son état naturel ; ce qui conduit nécessairement