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développements très-étendus que l’auteur a voulu donner aux parties les plus essentielles et les plus délicates de sa doctrine. Pour être mieux compris dans certains endroits dans lesquels il sentait toute la difficulté de son sujet, il a souvent présenté la même idée sous plusieurs faces, et a toujours cherché à la rendre familière en la reproduisant à diverses fois. C’est ce qui a fait dire à quelques critiques qui ne l’avaient lu que superficiellement, qu’il était souvent lourd et diffus. Smith avait bien prévu qu’il pouvait encourir ce reproche, et il a mieux aimé s’y exposer que de courir un autre risque beaucoup plus grave à ses yeux, celui de n’être pas parfaitement compris. « Je tâcherai, dit-il, de traiter ces trois points avec toute l’étendue et la clarté possibles dans les chapitres suivants, pour lesquels je demande bien instamment la patience et l’attention du lecteur : sa patience, pour me suivre dans des détails dans lesquels je lui paraîtrai peut-être en quelques endroits m’appesantir sans nécessité ; et son attention, pour pouvoir entendre ce qui semblera peut-être encore un peu obscur, malgré tous les efforts que je ferai pour être intelligible. Je courrai volontiers le risque d’être trop long pour chercher à me rendre clair, et après que j’aurai pris toute la peine dont je suis capable, pour répandre de la clarté sur un sujet qui, par sa nature, est si abstrait, je ne suis pas encore sûr qu’il n’y reste quelque obscurité. »

Ces craintes de l’auteur n’étaient pas sans fondement ; nous aurons occasion de voir que parmi les critiques auxquelles son ouvrage a été en butte dans ces derniers temps, il en est plusieurs qui ne proviennent que de ce qu’on lui a fait dire tout autre chose que ce qu’il s’était donné la peine de nous expliquer avec tant de soins et de détails.

Lorsque parut le livre des Recherches sur la richesse des nations, les vérités neuves et frappantes dont il était rempli jetèrent un si grand éclat, qu’il se fit une révolution complète dans la science de l’économie politique. Tous ceux qui avaient dirigé vers cet objet leurs études et leurs méditations ne songèrent plus qu’à se pénétrer des principes enseignés par Adam Smith ; on se soumit généralement aux leçons de ce nouveau maître. La science semblait être fixée sur des bases désormais inébranlables, et s’être élevée au-dessus de tous les orages de la controverse. Ce livre devint classique pour toute l’Europe. Il fut bientôt traduit en Allemagne, en Italie, en France. Un des partisans les plus zélés et les plus habiles de la secte écono-