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pulsion au travail et indique les causes qui en tiennent à la fois une plus grande masse en activité avec l’emploi d’une quantité égale de ce mobile ?

Toute cette théorie sur le travail, sur les effets de sa division, ainsi que de tous les autres moyens qui l’abrègent et le facilitent, sur l’étendue dont ces moyens de perfectionnement sont susceptibles et sur ce qui la limite, sur l’action du capital considéré comme moteur du travail, et sur les divers emplois qui répètent cette action plus ou moins souvent dans un temps donné ; enfin sur la puissance qu’acquièrent les facultés productives du travail par le progrès successif des arts de la civilisation, et sur l’effet que cet accroissement de puissance a sur la valeur réelle et intrinsèque de la subsistance qui alimente l’ouvrier, et par conséquent sur la richesse et le bien-être de la classe qui dispose de la subsistance et qui commande en première ligne tout le travail de la société, compose une science entièrement neuve, dont Smith doit être incontestablement proclamé le créateur.

Cette vaste et profonde théorie n’est encore qu’une partie des services que cet illustre écrivain a rendus à l’économie politique. Ce n’est pas avec moins de justesse et de sagacité qu’il a analysé les échanges et distingué les parties constituantes du prix des marchandises, en considérant chaque prix en particulier, ainsi que celles du revenu total de la société et la distribution de chacune d’elles entre les différentes classes du peuple ; qu’il a posé les principes d’après lesquels on doit reconnaître le prix réel des choses fondé sur la nature même de l’homme et des besoins que ces choses sont destinées à satisfaire, afin de ne pas le confondre avec le prix nominal ou pécuniaire, qui s’éloigne souvent du prix réel à cause des variations de valeur auxquelles l’argent est sujet ; qu’il a également établi les conditions qui forment le prix naturel et ordinaire des choses, prix qui suppose que les quantités produites sont avec les quantités demandées dans cet état d’équilibre auquel elles tendent sans cesse ; de manière à ce que ce prix naturel puisse être distingué du prix courant ou prix du marché, qui s’écarte souvent du prix naturel, lorsque l’équilibre entre les quantités offertes et les quantités demandées se trouve momentanément et accidentellement dérangé par des circonstances extraordinaires, soit aux dépens de la production quand elle est surabondante et dépasse la somme des besoins de la consomma-