Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/544

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ployé en manufactures, ne peut occasionner une aussi riche reproduction. Dans celles-ci, la nature ne fait rien ; la main de l’homme fait tout, et la reproduction doit toujours être nécessairement en raison de la puissance de l’agent. Ainsi, non-seulement le capital employé à la culture de la terre met en activité une plus grande quantité de travail productif que tout autre capital pareil employé en manufactures, mais encore, à proportion de la quantité de travail productif qu’il emploie, il ajoute une beaucoup plus grande valeur au produit annuel des terres et du travail du pays, à la richesse et au revenu réel de ses habitants. De toutes les manières dont un capital peut être employé, c’est sans comparaison la plus avantageuse à la société[1].

Les capitaux qu’on emploie dans une société à la culture des terres ou au commerce de détail, restent toujours nécessairement dans le sein de cette société. Leur emploi se fait presque toujours sur un point fixe, la ferme et la boutique du détaillant. En général aussi, quoi qu’il y ait quelques exceptions, ils appartiennent à des membres résidents de la société.

Le capital du marchand en gros, au contraire, semble n’avoir nulle part de résidence fixe ou nécessaire ; mais il se promène volontiers de place en place, suivant qu’il peut trouver à acheter meilleur marché ou à vendre plus cher.

Le capital du manufacturier doit sans contredit résider au lieu de l’établissement de la manufacture ; mais le local de cet établissement n’a pas sa place nécessairement déterminée. Il peut être souvent à une grande distance, tant de l’endroit où croissent les matières, que de celui où se consomme l’ouvrage fait. Lyon est fort éloigné, et du lieu qui lui fournit la matière première de ses manufactures, et du lieu où elles se consomment. En Sicile, les gens de bon ton sont habillés d’étoffes de soie fabriquées à l’étranger, et dont la matière première a été pro-

  1. On s’étonne qu’un esprit aussi pénétrant que celui de Smith ait pu admettre une proposition aussi erronée que celle-ci : « La nature ne fait rien pour l’homme dans les manufactures. » La puissance de l’eau et du vent qui mettent en mouvement nos machines, supportent nos vaisseaux et les poussent sur la mer, la pression de l’atmosphère et l’élasticité de la vapeur qui nous permettent de construire les plus étonnantes machines, ne sont-ils pas des dons spontanés de la nature ? Mac Culloch.