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mais infiniment moins efficace. Une loi positive peut bien faire qu’un schelling soit une offre valable pour le payement d’une dette d’une guinée, parce que cette loi peut enjoindre aux cours de justice de prononcer la décharge du débiteur qui aura fait une telle offre ; mais il n’y a pas de loi positive capable d’obliger un particulier qui vend sa marchandise et qui est maître de la vendre ou de ne la pas vendre, comme il lui plaît, à recevoir, en échange de cette marchandise, un schelling pour l’équivalent d’une guinée. Le change avec la Grande-Bretagne fit bien voir, en dépit de tous les règlements de cette espèce, que 100 livres sterling étaient, suivant les circonstances, regardées comme valant 130 livres dans certaines colonies, et même la somme énorme de 1,100 livres de la monnaie courante de quelques autres ; cette différence dans la valeur provenant de la différence dans la quantité de papier émis par les diverses colonies, ainsi que de l’époque plus ou moins éloignée et plus ou moins probable de son remboursement définitif.

Il n’y a donc pas de loi plus équitable que l’acte du Parlement, dont on se plaignit si injustement dans les colonies, qui déclara qu’aucun papier qui pourrait être émis par la suite n’aurait la force de monnaie légale dans les payements.

La Pennsylvanie mit toujours plus de modération que nos autres colonies dans l’émission de son papier-monnaie. Aussi dit-on que son papier circulant ne baissa jamais au-dessous de la valeur de la monnaie d’or et d’argent qui avait cours dans la colonie avant la première émission de papier. Avant cette émission, la colonie avait haussé la dénomination de sa monnaie courante, et avait statué, par acte de son assemblée, que 5 schellings sterling passeraient dans la colonie pour 6 schellings 3 deniers, et ensuite pour 6 schellings 8 deniers. En conséquence, 1 livre courante, argent des colonies, même quand la monnaie y était en or et en argent, était de plus de 30 p. 100 au-dessous de la valeur d’une livre sterling, et quand la monnaie courante y fut convertie en papier, elle ne se trouva guère plus de 30 p. 100 au-dessous de cette même valeur. Le prétexte qui engagea à élever ainsi la dénomination de la monnaie, ce fut de prévenir l’exportation de l’or et de l’argent, en faisant passer dans la circulation de la colonie la même quantité de métal pour une somme plus forte que celle pour laquelle cette quantité circulait dans la mère patrie. Il arriva toutefois que le prix de toutes les marchandises venant de la mère patrie augmentât précisément