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propres blés, s’est vue obligée, sur la fin du siècle dernier, de donner de très-fortes primes pour encourager l'importation des blés étrangers.

Il faudrait avoir une foi bien implicite dans la sagesse de ceux qui dirigent l’administration de la fortune publique pour croire que, dans cette variation continuelle de systèmes de conduite, ils ont été guidés par un jugement bien solide et convenablement éclairé par la maturité de la réflexion et par les leçons de l'expérience.

Après ce coup d’œil rapide sur les divers systèmes qui ont été suivis par les hommes investis de la haute et importante fonction de diriger la marche du gouvernement, voyons maintenant quel a été le fruit des méditations des philosophes qui se sont occupés de la théorie de l’économie politique, en ce qui touche la formation et la distribution des richesses. Ce rapprochement mettra le lecteur en état de juger jusqu’à quel point les premiers ont été bien fondés dans le dédain qu’ils ont presque toujours affecté pour l’instruction qu’ils auraient pu puiser dans les écrits des autres.


II. Exposé sommaire de la doctrine de Smith, comparée avec celle des économistes français.


Dès le seizième et le dix-septième siècle il parut, tant en France qu’en Angleterre, divers écrits sur les finances, sur l’impôt, sur l’importance relative de l’agriculture et du commerce, et sur plusieurs autres objets d’administration publique. Les désordres que jeta la banque de Law dans la fortune de l’État et dans la plupart des fortunes privées, tournèrent l’attention des esprits spéculatifs vers des matières dans lesquelles tant de personnes se trouvaient intéressées. On écrivit sur la circulation, sur le crédit, sur l’industrie, la population, les effets du luxe, etc. Les connaissances étaient déjà assez avancées pour que, dans cette dernière question, si délicate et si controversée, on ait su faire le départ de ce qui appartenait à l’économie politique d’avec ce qui était purement du ressort de la morale.

Ce fut vers cette époque qu’une réunion de philosophes français, qui ont été désignés depuis sous le nom d’économistes, s’appliqua à la recherche des principes de la formation des richesses et de leur distribution naturelle entre les différentes classes de la société ; et ces hommes, distingués pour la plupart par de rares talents et de vastes connaissances, furent les premiers qui formèrent un corps complet de doctrine sur cette branche de l’économie politique.