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praticable, mais même profitable à la banque en tant que compagnie de commerce, il n’en serait encore résulté aucun avantage pour le pays, mais au contraire il en aurait éprouvé une perte très-considérable. Une pareille opération n’aurait certainement augmenté en rien la quantité d’argent à prêter. Elle n’aurait fait autre chose que d’ériger cette banque en une sorte de bureau général de prêt pour tout le pays. Ceux qui auraient eu besoin d’emprunter auraient été obligés de s’adresser à cette banque, au lieu de s’adresser directement aux capitalistes prêteurs de la banque. Mais une banque qui prête de l’argent à peut-être cinq cents personnes différentes, dont la plus grande partie ne peut être que très-peu connue des directeurs, n’est vraisemblablement pas dans le cas de choisir plus judicieusement ses débiteurs, que ne le fera un particulier qui prête son argent dans un petit cercle de gens de sa connaissance, et à ceux en qui il voit une conduite sage et économe qui lui donne de justes motifs de confiance. Les débiteurs d’une banque telle que celle dont je viens d’exposer la conduite ne seraient vraisemblablement, pour la plupart, que des gens à projets chimériques, des tireurs de lettres de change circulantes, n’empruntant d’argent que pour l’employer en entreprises extravagantes que probablement ils ne seraient jamais en état de mettre à fin, quelque secours qu’on pût leur donner, et qui, en supposant même qu’elles fussent mises à fin, ne rendraient jamais la dépense qu’elles auraient coûtée, ne fourniraient jamais un fonds capable d’entretenir une aussi grande quantité de travail que celle qu’elles auraient consommée. Au contraire, les débiteurs sages et économes des particuliers seraient vraisemblablement disposés à employer l’argent par eux emprunté à des entreprises prudentes, proportionnées à leurs capitaux, et qui, tout en tenant moins du grand et du merveilleux, auraient offert plus de solidité et plus de bénéfice, qui auraient rendu avec un gros profit tout ce qu’on y aurait versé, et qui ainsi auraient fourni un fonds capable d’entretenir une beaucoup plus grande quantité de travail que celle qu’on aurait employée à les mettre à fin. Par conséquent, le succès d’une telle opération de la part de la banque, sans ajouter la plus petite chose au capital du pays, n’aurait fait qu’en détourner une grande partie, pour la verser dans des projets téméraires et désavantageux, au lieu de la laisser aller à des entreprises sages et profitables.

L’opinion du fameux Law était que l’industrie languissait en Écosse, faute d’argent pour la mettre en activité. Il proposa de remédier à ce