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ment pour la banque la difficulté et, par conséquent, la dépense de se procurer de nouvelles espèces pour remplir cette caisse qui se vide avec tant de rapidité. Il faut donc que la compagnie, à mesure qu’elle donne cette extension forcée à son commerce, augmente le second article de dépense encore plus que le premier.

Supposons, en effet, une banque dont tout le papier (porté au maximum de ce que la circulation du pays en peut absorber sans inconvénient) s’élève précisément à 40,000 liv., et qui, pour faire face aux demandes éventuelles, est obligée de garder constamment en caisse un quart de son émission de billets, c’est-à-dire 10,000 liv. en espèces. Que cette banque essaye de porter son émission jusqu’à 44,000 liv., les 4,000 liv. qui sont au-delà de ce que la circulation du pays peut absorber et employer reviendront à la banque presque aussitôt après qu’elles auront été émises. Donc, pour faire face aux demandes qui surviendront, cette banque sera obligée de garder constamment en caisse, non pas seulement 11,000 liv., mais 14,000. Elle ne pourra donc faire aucun bénéfice sur l’intérêt de ces 4,000 liv. d’émission surabondante, et elle aura en pure perte toute la dépense de ramasser continuellement 4,000 liv. en or et en argent, qui sortiront de sa caisse aussi vite qu’on les y aura apportées.

Si chaque compagnie de banque eût toujours bien entendu et bien suivi ses intérêts, la circulation n’aurait jamais été surchargée de papier-monnaie ; mais toutes les banques n’ont pas toujours bien vu et bien compris ce que leur intérêt exigeait d’elles, et il est arrivé souvent que le papier a obstrué la circulation.

La banque d’Angleterre, pour avoir émis une trop grande quantité de papier, dont l’excédent lui revenait continuellement à l’échange, a été obligée, pendant plusieurs années de suite, de faire battre de la monnaie d’or jusqu’à concurrence de 800,000 liv. à 1,000,000 dans une seule année, ou en moyenne, jusqu’à environ 860,000 liv. par an. Pour fournir cette immense fabrication, la banque, à cause de l’état usé et dégradé où la monnaie d’or était depuis quelques années, se vit souvent obligée d’acheter, jusqu’au prix de 4 liv. l’once, l’or en lingot, qu’elle émettait bientôt après, sous forme de monnaie, à 3 liv. 17 schellings 10 deniers 1/2 l’once ; ce qui lui faisait une perte de 2 1/2 à 3 p. 100, sur la fabrication d’une somme aussi énorme. Ainsi, quoique la banque n’eût point de droit de seigneuriage à payer, et quoique, à proprement parler, la dépense de fabrication fût au frais du gouverne-