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qui vont nécessairement déborder, cette somme étant l’excédent de ce que peut employer la circulation du pays. Mais si cette somme ne peut pas trouver à être employée au-dedans, elle est trop précieuse pour qu’on la tienne oisive. On l’enverra donc au-dehors pour y chercher cet emploi profitable qu’elle ne peut trouver au-dedans. Or, le papier ne peut aller hors du pays, parce qu’éloigné des banques qui l’ont émis et du pays où on peut recourir à la loi pour s’en faire payer, il ne serait pas reçu dans les payements ordinaires. L’or et l’argent seront donc envoyés au-dehors jusqu’à concurrence de 800 mille livres, et le canal de la circulation intérieure demeurera rempli avec un million en papier, au lieu du million en métal qui le remplissait auparavant[1].

Mais si une aussi forte somme d’or et d’argent est ainsi envoyée au-dehors, il ne faut pas s’imaginer qu’elle y soit envoyée pour rien, et que les propriétaires de cet argent en fassent présent aux nations étrangères. Ils l’échangeront contre des marchandises étrangères d’une espèce ou d’une autre, destinées à la consommation de quelque autre nation ou à celle de leur propre pays.

S’ils l’emploient à acheter des marchandises dans un pays étranger pour fournir à la consommation d’un autre, ou à faire ce qu’on appelle le commerce de transport[2], tout le profit qu’ils pourront faire sera autant d’ajouté au revenu net de leur propre pays. C’est comme un nouveau fondement créé pour servir de base à un nouveau commerce, les affaires domestiques se faisant maintenant avec le papier, et l’or et

  1. L’explication que donne ici l’auteur des procédés par lesquels le papier remplace l’or n’est pas tout à fait exacte. Le canal de la circulation, dit-il, est rempli au moyen d’un million, et n’en peut pas contenir davantage ; mais il lui en faudra davantage si la valeur est moindre. Si cette valeur était réduite de moitié, deux millions pourraient circuler avec autant de facilité où naguère un million suffisait. C’est par une réduction proportionnelle de valeur, que la grande inondation de métaux précieux tirés de l’Amérique a pu être contenue dans les anciens canaux de la circulation, et une nouvelle réduction de valeur aurait maintenu dans les mêmes limites une quantité nouvelle de métal. Par une augmentation de papier qui ajoute aux métaux précieux déjà existants dans la circulation, tous les éléments de cette circulation perdront généralement de leur valeur. Dès lors, la portion de ces éléments qui consiste en or et en argent sera envoyée au dehors pour y reprendre son ancienne valeur sur le marché général du monde, et sera remplacée par des émissions de papier. Buchanan.
  2. Voyez l’explication de ce mot, ci-après, chapitre v.