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la même quantité de choses consommables peut être mise en circulation et être distribuée aux consommateurs auxquels elle doit parvenir, par le moyen des billets de ce banquier, montant à 100 mille livres, tout comme cela se serait fait avec la même valeur en monnaie d’or et d’argent. On peut donc, de cette manière, faire une économie de 80 mille livres sur la circulation du pays, et si en même temps différentes opérations du même genre venaient à s’établir par plusieurs banques et banquiers différents, la totalité de la circulation pourrait ainsi être servie avec la cinquième partie seulement de l’or et de l’argent qu’elle aurait exigé sans cela.

Supposons, par exemple, que la masse totale d’argent circulant dans un pays, à une certaine époque, se monte à 1 million sterling, somme alors suffisante pour faire circuler la totalité du produit annuel de ses terres et de son travail.

Supposons encore que, quelque temps après, différentes banques et banquiers viennent à émettre des billets au porteur jusques à concurrence d’un million, en conservant dans leurs différentes caisses 200 mille livres pour répondre aux demandes qui peuvent survenir : il se trouverait donc alors dans la circulation 800 mille livres en or et argent, et un million de billets de banque, ou bien 1800 mille livres, tant en argent que papier. Or, 1 million seulement suffisait auparavant pour faire circuler et distribuer aux consommateurs tout le produit annuel des terres et du travail du pays, et ce produit ne peut pas se trouver augmenté tout d’un coup par ces opérations de banque. Un million suffira donc tout de même après pour le faire circuler. La quantité de marchandises qu’il s’agit de vendre et d’acheter étant la même qu’auparavant, il ne faudra que la même quantité d’argent pour toutes les ventes et tous les achats. Le canal de la circulation, si je puis me permettre cette expression, restera précisément le même qu’auparavant. Un million, d’après notre supposition, suffisait à remplir ce canal. Tout ce qu’on y versera donc au-delà de cette somme ne pourra y prendre son cours, mais sera forcé de déborder[1]. Il se trouve qu’on y a versé 1800 mille livres : donc il y a 800 mille livres

  1. Cela arrivera ainsi pourvu que la valeur de l’or reste la même qu’auparavant, et que le papier ait la même valeur que l’or. Si la valeur de l’or venait à baisser, ou si a valeur du papier baissait au-dessous de celle de l’or, la quantité de l’un et de l’autre restant dans la circulation serait proportionnellement augmentée.
    Mac Culloch.