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ainsi nécessairement retranchée du revenu net de la société, il n’en est pas de même à l’égard de la dépense d’entretien du capital circulant. On a déjà observé que, des quatre articles qui composent ce capital, qui sont l’argent, les vivres, les matières et l’ouvrage fait, les trois derniers en sont régulièrement retirés pour être versés, soit dans le capital fixe de la société, soit dans le fonds de consommation. De ces choses consommables, tout ce qui ne se trouve pas employé à l’entretien du premier de ces deux fonds, va en entier à l’autre, et fait partie du revenu net de la société ; ainsi, l’entretien de ces trois parties du capital circulant ne retranche du revenu net de la société aucune autre portion du produit annuel que celle qui est nécessaire à l’entretien du capital fixe.

À cet égard, le capital circulant d’une société diffère de celui d’un individu. Celui d’un individu ne peut entrer pour la moindre partie dans son revenu net, qui se compose uniquement de ses profits. Mais, encore que le capital circulant de chaque individu fasse une partie de celui de la société dont il est membre, il ne s’ensuit pas que ce capital ne puisse de même entrer pour quelque chose dans le revenu net de la nation. Quoique les marchandises qui composent le fonds de boutique d’un marchand ne puissent nullement être versées dans son fonds de consommation, elles peuvent néanmoins aller à celui d’autres personnes qui, au moyen d’un revenu qu’elles tirent de quelque autre source, sont en état d’en remplacer régulièrement la valeur au marchand, ainsi que ses profits, sans qu’il en résulte aucune diminution ni dans le capital du marchand ni dans le leur[1].

L’argent est donc la seule partie du capital circulant d’une société dont l’entretien puisse occasionner quelque diminution dans le revenu net de la nation.

  1. Smith me parait ici confondre le revenu consistant en produits avec le capital. Son capital circulant ou mobile disparaît pendant la production, reparait ensuite, mais ne fait point partie du revenu de la société. C’est le produit sortant de toutes ces métamorphoses qui en fait partie.
    Sous ce point de vue il n’y a, quoi qu’en dise Smith, aucune différence entre le capital mobile de la société et le capital d’un particulier.
    Je sais bien que cette erreur n’entraîne aucune fausse conséquence dans les raisonnements de Smith ; mais elle obscurcit singulièrement son idée.
    Note inédite de J.-B. Say.