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produite par l’entretien de celui qui les acquiert, pendant le temps de son éducation, de son apprentissage ou de ses études, et cette dépense est un capital fixé et réalisé, pour ainsi dire, dans sa personne. Si ces talents composent une partie de sa fortune, ils composent pareillement une partie de la fortune de la société à laquelle il appartient. La dextérité perfectionnée, dans un ouvrier, peut être considérée sous le même point de vue qu’une machine ou un instrument d’industrie qui facilite et abrège le travail, et qui, malgré la dépense qu’il a coûté, restitue cette dépense avec un profit.

La troisième et dernière des trois branches dans lesquelles se divise naturellement le fonds général que possède une société, c’est son capital circulant, dont le caractère distinctif est de ne rapporter de revenu qu’en circulant ou changeant de maître. Il est aussi composé de quatre articles.

1° L’argent[1], par le moyen duquel les trois autres circulent et se distribuent à ceux qui en font usage et consommation.

2° Ce fonds de vivres qui est dans la possession des bouchers, nourrisseurs de bestiaux, fermiers, marchands de blé, brasseurs, etc., et de la vente desquels ils espèrent tirer un profit.

3° Ce fonds de matières, ou encore tout à fait brutes, ou déjà plus ou moins manufacturées, destinées à l’habillement, à l’ameublement et à la bâtisse, qui ne sont préparées sous aucune de ces trois formes, mais qui sont encore dans les mains des producteurs, des manufacturiers, des merciers, des drapiers, des marchands de bois en gros, des charpentiers, des menuisiers, des maçons, etc.

4° Enfin, l’ouvrage fait et parfait, mais qui est encore dans les mains du marchand ou manufacturier, et qui n’est pas encore débité ou distribué à celui qui doit en user ou le consommer ; tels que ces ouvrages tout faits que nous voyons souvent exposés dans les boutiques du serrurier, du menuisier en meubles, de l’orfèvre, du joaillier, du faïencier, etc.

Ainsi, le capital circulant se compose des vivres, des matières et de l’ouvrage fait de toute espèce, tant qu’ils sont dans les mains de leurs marchands respectifs, et enfin de l’argent qui est nécessaire pour la

  1. Ce mot est pris ici dans son sens le plus vulgaire, et désigne toute la monnaie de la circulation.