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progrès que fait l’amélioration, le prix réel d’une espèce de nourriture vient nécessairement à hausser, celui de l’autre espèce vient à baisser tout aussi nécessairement, et c’est alors une matière qui devient très-épineuse que de savoir jusqu’à quel point la hausse de l’une peut se trouver compensée par la baisse de l’autre. Quand une fois le prix réel de la viande de boucherie a atteint son maximum (ce qu’il paraît avoir déjà fait depuis plus d’un siècle dans une grande partie de l’Angleterre pour toutes sortes de viande de boucherie, excepté peut-être pour la chair de porc), alors quelque hausse qui puisse arriver par la suite dans le prix de toute autre espèce que ce soit de nourriture animale, elle ne peut guère influer sur le sort des gens de la classe inférieure du peuple. Certainement un adoucissement dans le prix des pommes de terre contribuera infiniment plus à améliorer la condition du pauvre, en bien des endroits de l’Angleterre, que ne pourrait l’aggraver une hausse quelconque dans le prix de la volaille, du poisson ou du gibier de toute espèce.


Dans le moment de la cherté actuelle, le haut prix du blé est sans contredit un fardeau pour les pauvres. Mais dans les temps d’une abondance médiocre, quand le blé est à son prix moyen ordinaire, la hausse naturelle qui a lieu dans le prix de toute autre espèce de produit brut ne peut guère tomber sur eux. Ils souffrent bien plus peut-être de cette hausse artificielle qu’ont occasionnée les impôts dans le prix de quelques denrées manufacturées, tel que celui du sel, du savon, du cuir, des chandelles, de la drèche, de la bière et de l’ale, etc[1].

des effets et des progrès de la richesse nationale sur le prix réel des ouvrages de manufacture.

L’effet naturel de l’amélioration générale est cependant de faire baisser par degrés le prix réel de presque tous les ouvrages des manufactures. Le prix de la main-d’œuvre diminue peut-être dans toutes, sans exception. De meilleures machines, une plus grande dextérité et une division et distribution de travail mieux entendues, toutes choses qui sont les effets naturels de l’avancement du pays, sont cause que, pour exécuter une pièce quelconque, il ne faut qu’une bien moindre

  1. Voyez liv. V, chap. ii, partie 2e, art. 4, impôts sur les objets de consommation.