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richesse de tout pays étendu. Il peut sûrement être de quelque utilité pour la nation, ou au moins il peut résulter quelque satisfaction pour elle, d’avoir une preuve aussi décisive que la partie, de beaucoup la plus grande, la plus importante et la plus durable de la richesse nationale, va en augmentant de valeur.

Cette distinction peut aussi être de quelque utilité à l’État, lorsqu’il s’agit de régler la récompense pécuniaire de quelques-uns des fonctionnaires qui le servent. Si cette hausse dans le prix de quelques espèces de denrées est due à une baisse dans la valeur de l’argent, il faut certainement augmenter en proportion de cette baisse leur récompense pécuniaire, à moins qu’elle ne fût trop forte auparavant. Si on ne l’augmente point leur récompense réelle en sera évidemment diminuée d’autant. Mais si cette hausse de prix est due à une hausse de valeur occasionnée par l’accroissement de fertilité de la terre qui produit ces sortes de denrées, c’est alors une affaire beaucoup plus délicate de juger dans quelle proportion il faut augmenter cette récompense pécuniaire, ou bien de juger si c’est même le cas de l’augmenter en rien. Si l’extension de l’amélioration et de la culture élève nécessairement le prix de chaque espèce de nourriture animale relativement au prix du blé, d’un autre côté elle fait aussi nécessairement baisser celui de toute espèce, je crois, de nourriture végétale. Elle élève le prix de la nourriture animale, parce qu’une grande partie de la terre qui produit cette nourriture, étant rendue plus propre à la production du blé, doit rapporter au propriétaire et au fermier la rente et le profit d’une terre à blé. Elle fait baisser le prix de la nourriture végétale, parce qu’en ajoutant à la fertilité de la terre elle accroît l’abondance de cette sorte de nourriture. Les améliorations dans la culture introduisent aussi plusieurs espèces de nourriture végétale, qui, exigeant moins de terre que le blé et pas plus de travail, viennent au marché à beaucoup meilleur compte que le blé. Telles sont les pommes de terre et le maïs, ou ce qu’on appelle blé d’Inde, les deux plus importantes acquisitions que l’agriculture de l’Europe, et peut-être l’Europe elle-même, aient faites par la grande extension du commerce et de la navigation de celle-ci. D’ailleurs, il y a beaucoup d’espèces d’aliments du genre végétal qui, dans l’état grossier de l’agriculture, sont confinés dans le jardin potager et ne croissent qu’à l’aide de la bêche, mais qui, lorsque l’agriculture s’est perfectionnée, peuvent se semer en plein champ et croître à l’aide de la charrue : tels sont les turneps, les carottes, les choux, etc. Si donc, dans les