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complète qu’on ne devrait s’y attendre dans une matière qui est naturellement si difficile à connaître avec quelque degré de certitude.

À l’égard du haut prix du blé dans ces dix à douze dernières années, on peut suffisamment l’expliquer par la suite de mauvaises récoltes qui a eu lieu, sans avoir recours à aucune dégradation de valeur de l’argent.

Ainsi aucune bonne observation, soit sur le prix du blé, soit sur le prix des autres denrées, ne paraît pouvoir fonder l’opinion, qui a été souvent avancée, que l’argent continuait à baisser de valeur.

Mais, me dira-t-on peut-être, d’après votre propre compte, la même quantité d’argent, dans le temps présent, achètera une moindre quantité de plusieurs espèces de denrées qu’elle n’en aurait acheté pendant une partie du siècle dernier ; et chercher à démontrer si ce changement est dû à une hausse dans la valeur de ces denrées, ou à une baisse dans la valeur de l’argent, c’est établir une distinction oiseuse et qui ne peut être d’aucune utilité pour celui qui n’a qu’une certaine quantité d’argent à porter au marché, ou qui a son revenu fixe en argent. je ne prétends assurément pas que la connaissance de cette distinction puisse mettre cette personne en état d’acheter à meilleur marché ; elle n’est cependant pas pour cela tout à fait inutile.

Elle peut être de quelque avantage pour le public, en fournissant une preuve facile de l’état de prospérité du pays. Si la hausse dans le prix de quelques espèces de denrées est due uniquement à une baisse dans la valeur de l’argent, elle est due alors à une circonstance de laquelle on ne peut inférer autre chose que la fécondité des mines de l’Amérique. Malgré cette circonstance, la richesse réelle du pays, le produit annuel de ses terres et de son travail peuvent aller, soit en déclinant successivement comme en Portugal et en Pologne, soit en avançant par degrés, comme dans la plupart des autres contrées de l’Europe. Mais si cette hausse dans le prix de quelques espèces de denrées est due à une hausse dans la valeur réelle de la terre qui les produit, à un accroissement dans la fertilité, ou à ce qu’en conséquence des progrès d’amélioration et de bonne culture elle a été rendue propre à la production du blé, alors cette hausse est due à une circonstance qui indique de la manière la plus évidente l’état de prospérité et d’avancement du pays. La terre constitue la plus grande, la plus importante et la plus durable partie, sans comparaison, de la