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Si, d’un côté, le pouvoir de l’industrie humaine sur la multiplication de la laine et des peaux crues est limité dans ses effets, en tant qu’il dépend du produit du pays dans lequel s’exerce cette industrie, d’un autre côté, ce pouvoir est incertain dans ses effets en tant qu’il dépend du produit des autres pays ; et à cet égard il en dépend bien moins à raison de la quantité que ces autres pays produisent, qu’à raison de la quantité qu’ils ne manufacturent pas eux-mêmes, et aussi à raison des restrictions qu’ils jugeront ou ne jugeront pas à propos de mettre à l’exportation de cette espèce de produit brut. Ces circonstances, étant entièrement indépendantes de l’industrie nationale, apportent nécessairement plus ou moins d’incertitude dans les efforts qu’elle peut faire pour multiplier cette espèce de produit brut.

Ses efforts sont également bornés et incertains pour la multiplication d’une autre sorte de produit brut très-important ; c’est la quantité du poisson mise au marché. Ils sont bornés par la situation locale du pays, par la distance ou la proximité où ses différentes provinces sont de la mer, par le nombre de ses lacs et de ses rivières, et enfin par ce qu’on peut appeler la fertilité ou stérilité de ces mers, lacs et rivières, quant à cette espèce de produit brut. À mesure que la population augmente, à mesure que le produit annuel de la terre et du travail du pays grossit de plus en plus, le nombre des acheteurs de poisson doit augmenter, et ces acheteurs possèdent une plus grande quantité et une plus grande diversité d’autres marchandises, ou, ce qui est la même chose, le prix d’une plus grande quantité et d’une plus grande diversité d’autres marchandises pour acheter ce poisson. Mais, en général, il sera impossible d’approvisionner ce marché ainsi agrandi et étendu, sans employer pour cela une quantité de travail qui croisse au-delà de la proportion de celle qu’exigeait l’approvisionnement de ce marché quand il était circonscrit dans des limites plus étroites. Un marché qui, d’abord approvisionné avec mille tonneaux de poisson, vient par la suite à en absorber dix mille tonneaux, ne pourra guère être alors approvisionné à moins d’un travail qui sera plus que décuplé du travail qu’il fallait pour l’approvisionner dans le premier état. Il faut alors, en général, aller chercher le poisson à de plus grandes distances, il faut employer de plus grands bâtiments et mettre en œuvre des machines plus dispendieuses en tout genre. Ainsi le prix réel de cette denrée doit augmenter naturellement