Page:Smith - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, Blanqui, 1843, I.djvu/354

Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la Chine et dans l’Indostan, l’étendue et la multiplicité des moyens de navigation intérieure épargnent la plus grande partie de ce travail et, par conséquent, de cet argent, et par là réduisent à un taux encore plus bas le prix, tant réel que nominal, de la plupart des objets de manufacture de ces deux pays. D’après tout ceci, les métaux précieux sont une marchandise qu’il a toujours été et qu’il est encore extrêmement avantageux de porter de l’Europe aux Indes orientales[1]. Il n’y a presque aucune marchandise qui y rapporte davantage, ou qui, à proportion de la quantité de travail et de choses qu’elle coûte en Europe, puisse commander ou acheter une plus grande quantité de travail et de choses dans l’Inde. Il est aussi plus avantageux d’y porter de l’argent que de l’or, parce qu’à la Chine et dans la plupart des autres marchés de l’Inde, la proportion entre l’argent fin et l’or fin n’est que comme 10 ou au plus comme 12 est à 1, tandis qu’en Europe elle est comme 14 ou 15 est à 1. À la Chine et dans la plupart des autres marchés de l’Inde, dix onces ou au plus douze onces d’argent achèteront une once d’or. En Europe, il en faut de quatorze à quinze onces. Aussi, dans les cargaisons de la majeure partie des vaisseaux d’Europe qui font voile pour l’Inde, l’argent a été, en général, un des articles principaux. C’est le principal article de la cargaison des vaisseaux d’Acapulco qui font voile pour Manille. Ainsi, l’argent du nouveau continent est, à ce qu’il paraît, le grand objet du commerce qui se fait entre les deux extrémités de l’ancien ; il forme le principal anneau de la chaîne qui unit l’une à l’autre ces deux parties du monde si distantes[2].

Pour pouvoir fournir aux besoins d’un marché d’une aussi vaste étendue, il faut que la quantité d’argent qu’on tire annuellement des

  1. Depuis les dernières années on a cessé d’importer de la monnaie dans l’Est ; et des quantités considérables ont été au contraire importées de l’Inde, de la Chine, en Angleterre. Mac Culloch.
  2. M. de Humboldt pense que sur la somme de 49,500,000 dollars d’or et d’argent qu’il suppose avoir été apportés annuellement d’Amérique en Europe antérieurement aux révolutions d’Amérique, 20,500,000 dollars étaient ensuite importés en Asie ; savoir, 4,000,000 par le levant, 17,500,000 par la route du cap de Bonne-Espérance, et 4,000,000 à travers la Russie par la route de Kiachta et Tobolsk, etc. Il doit y avoir beaucoup de conjecture dans cette estimation ; mais la peine que M. de Humboldt s’est donnée pour l’obtenir fait qu’elle mérite une grande confiance. Voyez Essai politique sur la nouvelle Espagne, tom. IV, p. 278. Mac Culloch.