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anciens, ne sera pas embarrassé de trouver plusieurs autres exemples de la même nature ; d’ailleurs, dix années de disette extraordinaire n’ont rien de plus étonnant que dix années d’une extraordinaire abondance. Le bas prix du blé depuis 1741 inclusivement, jusqu’à 1750 aussi inclusivement, peut très-bien être mis en opposition avec son haut prix, pendant ces huit ou dix dernières années. De 1741 à 1750, le prix moyen du quarter de neuf boisseaux du plus beau froment, au marché de Windsor, paraît, suivant les comptes du collège d’Eton, avoir été de 1 livre 13 schellings 9 deniers 4/5 seulement, ce qui fait près de 6 schellings 3 deniers au-dessous du prix moyen des soixante-quatre premières années de ce siècle. À ce compte, le prix moyen du blé de moyenne qualité, pendant ces dix années, a dû revenir à 1 livre 6 schellings 8 deniers seulement le quarter de 8 boisseaux.

Cependant, de 1741 à 1750, la prime a dû empêcher le prix du blé de tomber aussi bas dans le marché intérieur, qu’il l’aurait fait naturellement. Il paraît, d’après les registres des douanes, que la quantité de grains de toutes sortes, exportés pendant ces dix années, ne s’élève pas à moins de 8029 156 quarters. La prime payée pour cet objet s’élève à 1514 962 livres 17 schellings 4 deniers 1/2. Aussi, en 1749, M. Pelham, alors premier ministre, fit-il observer à la chambre des communes qu’on avait payé, dans les trois années précédentes, une somme exorbitante en primes pour l’exportation du blé. Il était très-bien fondé à faire cette observation, et l’année suivante il l’aurait encore été bien davantage. Dans cette seule année, la prime payée ne s’éleva pas à moins de 324 176 livres 10 schellings 6 deniers[1]. Il est inutile d’observer combien cette exportation forcée doit avoir fait hausser le prix du blé au-dessus de ce qu’il aurait été sans cela sur le marché intérieur.

À la fin de la table des prix annexée à ce chapitre, le lecteur trouvera le compte particulier des dix années, séparé du reste. Il y trouvera aussi le compte particulier des dix années précédentes, dont le taux moyen, beaucoup moins bas, l’est néanmoins encore plus que le taux moyen des soixante-quatre premières années de ce siècle. L’année 1740 fut pourtant une année de disette extraordinaire. Ces vingt années qui ont précédé 1750 peuvent très-bien être mises en opposition avec les vingt qui ont précédé 1770. De même que les pre-

  1. Voyez les traités sur le commerce des blés, 3e partie.