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En 1687, le prix du quarter de neuf boisseaux du plus beau froment, au marché de Windsor, a été de 1 livre 5 sch. 2 deniers, le plus bas prix auquel on l’eût jamais vu depuis 1595.

En 1688, M. Grégoire King, homme célèbre par ses connaissances dans ces sortes de matières, estimait que le prix moyen du blé, dans les années d’abondance moyen­ne, était, pour le producteur, de 3 schellings 6 deniers le boisseau, ou 28 schellings le quarter. J’imagine que ce prix du producteur est le même que celui qu’on nomme quelquefois prix de contrat, ou le prix auquel un fermier s’engage, pour un certain nombre d’années, à livrer à un marchand une certaine quantité de blé. Comme un contrat de ce genre épargne au fermier la peine et la dépense de courir les marchés, le prix de contrat est en général, plus bas que le prix de marché ordinaire. M. King a juré que le prix du contrat ordinaire, dans les années d’abondance moyenne, était, à cette époque, de 28 schellings le quarter. Avant la cherté occasionnée par la suite extraordinaire de mauvaises années que nous venons d’avoir, c’était là le prix ordi­naire de contrat dans toutes les années communes.

En 1688, le Parlement accorda la prime à l’exportation du blé. Les propriétaires fonciers[1], qui étaient en beaucoup plus grand nombre qu’à présent dans la législature, s’étaient aperçus que le prix du blé en argent commençait à baisser. La prime était un expédient pour le faire monter artificiellement à ce haut prix auquel il s’était souvent vendu sous les règnes de Charles Ier et de Charles II. Il fut donc établi qu’elle aurait lieu jusqu’à ce que le blé fût monté à 48 sch. le quarter, ce qui était 20  sch. ou 5/7 plus cher que M. King n’avait, cette même année, évalué le prix du producteur, dans les temps d’abondance moyenne. Si ses calculs méritent tant soit peu la réputation qu’on leur accorde généralement, 48  schell. le quarter étaient un prix qu’à moins de quelque expédient, tel que la prime, on ne devait pas attendre alors, excepté dans les années de cherté extraordinaire. Mais le gouvernement du roi Guillaume n’était pas encore bien solidement établi ; il n’était pas en mesure de refuser quelque chose aux propriétaires fonciers, auprès desquels

  1. Ce sont ceux qu’on nomme country-gentlemen, ceux à qui leur propriété foncière donne le droit de concourir à l’élection des représentants des comtés dans la chambre des communes, et qui de plus n’exercent aucune profession mécanique. Toute personne qui vit noblement, c’est-à-dire sans travail manuel, est désignée en Angleterre par le titre de gentleman.