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diminuer le prix de l’ale par chaque 6 deniers de hausse ou de baisse que le prix de l’orge viendra à subir. » Il paraît que la législature elle-même a mis aussi peu de soin à la rédaction de ce statut que les copistes en avaient mis à transcrire l’autre.

Dans un vieux manuscrit du Regiam Majestatem, qui est un ancien livre du roi d’Écosse, il y a un statut dans lequel est taxé le prix du pain d’après tous les différents prix du blé, depuis 10 deniers jusques à 3 schellings le boll d’Écosse, qui fait environ moitié du quarter anglais. Au temps où cette taxe paraît avoir été faite, 3 sous d’Écosse valaient environ 6 schellings sterling de notre monnaie actuelle. Il paraît que M. Rudiman[1] en a conclu que 3 sous étaient le plus haut prix auquel le blé s’élevât jamais dans ce temps-là, et que le prix ordinaire était de 10 à 12 deniers, tout au plus de 2 schellings. Cependant il est bien évident, en consultant le manuscrit, que tous ces prix ne sont mis là que comme des exemples de la proportion à observer entre les prix respectifs du blé et du pain. Les derniers mots du statut sont : Reliqua judicabis secundum prœscripta, habendo respectum ad pretium bladi. « Vous jugerez dans les autres cas d’après ce qui a été marqué ci-dessus, ayant égard au prix du blé. »

En troisième lieu, ces auteurs paraissent encore avoir été induits en erreur par le très-bas prix auquel le blé s’est quelquefois vendu dans les temps fort anciens, et il paraît qu’ils se sont imaginé que son plus bas prix ayant été alors beaucoup moindre qu’il ne l’est dans les temps postérieurs, son prix ordinaire doit pareillement avoir été bien plus bas. Ils auraient pourtant dû s’apercevoir que, dans ces temps reculés, le plus haut prix s’élevait au-dessus de tout ce qu’on a pu connaître des temps subséquents, autant que le plus bas prix descendait au-dessous. Ainsi, en 1270, Fleetwood nous donne deux prix du quarter de blé : l’un est de 4 livres 16 schellings, argent de ce temps-là, faisant 14 livres 8 schellings de celui d’aujourd’hui ; l’autre est de 6 livres 6 schellings, faisant 19 livres 4 schellings de notre monnaie actuelle[2]. On ne trouve rien qui approche de ces prix excessifs, à la fin du quinzième ou au commencement du seizième siècle. Quoique en tout temps le prix du blé soit sujet à des variations, cependant il varie infiniment plus dans ces sociétés, livrées aux troubles et aux désor­dres, où l’interruption de tout commerce et de

  1. Voyez sa préface au Recueil des Chartres d’Écosse, d’Anderson.
  2. Voyez, à la fin de ce chapitre, la note sur la table des prix du blé.